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La plupart des dysplasies anales et des cancers de l'anus sont causés par des types de Papillomavirus humain à haut risque, dont le HPV-16 et le HPV-18, courants chez les hommes pratiquant le sexe avec d'autres hommes tant séropositifs que séronégatifs. En règle générale, les patients développent d'abord une dysplasie de grade peu élevé, connue sous le nom de lésions intraépithéliales squameuses. Ces dernières peuvent (ou pas) évoluer vers des lésions de grade élevé et éventuellement (ou pas) vers un carcinome anal. Les lésions anales de grade élevé sont généralement traitée avec des thérapies locales mais la récidive est fréquente d'où l'intérêt de disposer de nouvelles options potentiellement plus efficaces surtout sur le risque de récidives.Le pomalidomide, une molécule apparentée à la thalidomide, interfère avec la croissance des vaisseaux sanguins et semble aussi améliorer la réponse immunitaire contre une protéine spécifique au papillomavirus humain connue sous le nom d'E6. Le pomalidomide est actuellement approuvé pour le traitement du myélome multiple. Il a également montré une activité contre le sarcome de Kaposi, un cancer cutané causé par le VIH de sinistre mémoire surtout lors des premières années de la lutte contre l'infection.L'étude SPACE, présentée lors de la CROI 2020, a inclus 10 hommes séropositifs et 16 hommes séronégatifs. Notons que le groupe séropositif était plus jeune (moyenne d'âge de 48 ans vs 58 ans respectivement). Tous les patients vivant avec le VIH étaient sous traitement antirétroviral et présentaient une charge virale indétectable (inférieure à 20 copies/ml). Le nombre médian de CD4 était élevé, 700 cellules / mm 3 .Tous les participants présentaient des lésions anales de grade élevé (grade 3) confirmées par biopsie et qui étaient présentes depuis au moins un an avec une durée moyenne de 3 ans. Un peu plus de la moitié présentaient des lésions en rapport avec le HPV-16.Les participants ont été traités par le pomalidomide à faible dose (2 mg durant 21 jours par cycle de 28 jours) pendant six mois puis ont été suivis durant six mois supplémentaires après arrêt du traitement. Notons que tous les patients ont également reçu de l'aspirine en guise de prophylaxie contre le risque de thrombose, un effet secondaire potentiel associé au pomalidomide.A la fin des six mois de traitement actif et parmi les 24 participants évaluables, le taux de réponse global combiné était de 52%, dont huit (35%) avec une résolution complète et quatre (17%) avec des réponses partielles définies comme une réduction d'au moins 50% de la taille des lésions. Le taux de réponse global étaient de 56% pour le groupe des patients séropositifs et de 50% dans le groupe des participants séronégatifs.À la fin de la période de 6 mois de suivi supplémentaires sans traitement, le taux de réponse global combiné était de 63%, dont huit (33%) réponses complètes et sept (29%) réponses partielles. Les taux de réponse par groupe étaient de 67% dans le groupe séropositif et 60% dans le groupe séronégatif.Le traitement était généralement sûr et bien toléré. Les événements indésirables les plus courants consistaient en neutropénie, constipation, fatigue et éruptions cutanées. Les effets secondaires étaient comparables dans les groupes séropositifs et séronégatifs.Conclusion des investigateurs, le pomalidomide administré par voie orale et à faible dose semble constituer une option thérapeutique acceptable, efficace et bien toléré chez les hommes pratiquant le sexe avec d'autres hommes, vivant ou non avec le VIH, et présentant des lésions anales de grade élevé.Réf: Polizzotto M. et al. Abstract 70, CROI 2020.