Initier un traitement antirétroviral avec un inhibiteur de l'intégrase n'augmente pas le risque d'infarctus, d'AVC ou de chirurgie cardiaque chez les personnes vivant avec le VIH selon les résultats d'une nouvelle analyse basée sur les participants à la Swiss HIV Cohort.
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Savoir si les inhibiteurs de l'intégrase affectent ou non le risque cardiovasculaire est une question qui agite le monde des experts du VIH et dont la réponse demeure encore et toujours incertaine car, comme pour tout nouveau type de médicament, l'évaluation, à grande échelle, de leurs effets sur les maladies cardiaques prend du temps. Bien que les inhibiteurs de l'intégrase soient moins susceptibles de provoquer une augmentation du cholestérol, les personnes vivant avec le VIH qui prennent des inhibiteurs de l'intégrase ont tendance à prendre plus de poids après le début du traitement que ceux soumis à d'autres combinaisons d'antirétroviraux, un gain de poids qui, lui, pourrait, par contre, participer à une augmentation du risque de maladie cardiovasculaire. C'est donc avec grand intérêt que l'on a assisté à la présentation, par le Dr Bernard Surial, d'une étude, basée sur la Swiss HIV Cohort, évaluant, sur un suivi moyen de 5 ans, le risque cardiovasculaire de personnes vivant avec le VIH ayant initié leur traitement antiretroviral avec un inhibiteur de l'intégrase.Pas d'augmentation du risque CV sur 5 ans de suiviPour la nouvelle étude, les chercheurs ont évalué le risque d'événement cardiovasculaire grave (AVC, infarctus ou procédure invasive comme l'angioplastie ou la pose d'un stent) chez les personnes vivant avec le VIH qui ont commencé un traitement en Suisse après mai 2008. Au cours de la période d'étude, 5 362 personnes ont commencé un traitement, 1 837 avec un régime à base d'inhibiteurs de l'intégrase et 3 525 avec un autre type de régime. Les prescriptions d'inhibiteurs de l'intégrase ont commencé à augmenter après leur recommandation en première intention en 2012 et ont constitué la majorité des prescriptions en première intention à partir de 2014. En 2021, 96% des personnes de la Swiss HIV Cohort ont commencé un traitement avec un inhibiteur de l'intégrase. Plus de la moitié des personnes qui ont commencé un inhibiteur de l'intégrase ont reçu du dolutégravir (53 %). Les autres ont reçu du bictégravir (18 %), de l'elvitégravir (16 %) ou du raltégravir (13 %). Parmi ceux qui ont commencé le traitement avec un régime différent, 52 % ont reçu un inhibiteur de protéase boosté, 43 % un inhibiteur non nucléosidique de la transcriptase inverse et 5 % un autre type de régime. L'âge moyen des patients à l'initiation était de 39 ans, environ 50% étaient fumeurs, 10 % souffraient d'hypertension artérielle et 1,5 % avaient des antécédents de maladie cardiovasculaire. Des nombreuses données issues de cette présentation, on retiendra la principale information à savoir que, tant après 2 ans de suivi que 5 ans et après ajustement pour les données démographiques, celles liées au VIH ainsi que pour les facteurs de risque cardiovasculaires, la prise d'hypolipémiants ou les INTI du backbone, aucune différence statistiquement significative n'est apparue en terme d'augmentation du risque cardiovasculaire que le patient ait initié son traitement antirétroviral avec un inhibiteur de l'intégrase ou avec un autre régime. Réf: Surial B. et al. Présentation Orale 149, CROI 2023.