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HPV: les hommes aussi, surtout les HSH à haut risqueEn 2015, le comité national anglais pour la vaccination et l'immunisation prenait la décision de ne plus restreindre le remboursement de la vaccination contre HPV aux seules filles en âge scolaire mais de l'étendre aux garçons, entre autres pour pouvoir inclure les HSH de moins de 45 ans suivis dans les cliniques de santé sexuelle et/ou les centres de référence du VIH. Cette décision a été prise parce que les HSH présentent des taux très élevés d'infection par HPV, cause importante de cancers rectaux et du pénis, et que le programme en milieu scolaire n'avait qu'un impact anecdotique sur cette population à haut risque. En guise de première étape à cette extension de la vaccination HPV, les autorités anglaises en charge des programmes de vaccinations ont lancé un essai pilote pour évaluer l'acceptabilité, la faisabilité, l'utilisation du vaccin et l'impact sur la charge de travail et la fréquentation des centres de référence. Expérience concluante Entre avril 2016 et mars 2017, 42 centres de référence VIH et cliniques de santé sexuelle dans 7 des 9 régions anglaises ont participé à ce projet pilote. Ces 42 centres sélectionnés fournissent des services à environ un tiers des 140.000 HSH estimés éligibles à la vaccination contre le HPV en Angleterre. Au cours des 10 mois pris en compte pour cette analyse, les centres ont offert des services à 18.875 HSH éligibles dont 46% ont effectivement reçu une première dose de vaccin contre le HPV. Cette motivation pour la vaccination varie cependant en fonction de l'âge puisque 51% des moins de 25 ans ont été vaccinés contre 37% des 40 ans et plus. De manière surprenante, on constate un taux de vaccination plus élevé en milieu rural (54%) par rapport aux zones urbaines (45%). Les investigateurs estiment cependant que le taux réel des vaccinations était plus élevé car de nombreux patients vaccinés n'ont pas été correctement inscrits dans les rapports d'activité des centres comme révélé par des contrôles à l'aveugle réalisés au cours des 10 mois de suivi. Il est aussi dommage de ne pas disposer de données de suivi de cette primo-vaccination, les taux concernant la seconde et la troisième injection ne sont en effet pas disponibles. Pas de charge de travail ou de fréquentation supplémentaire Sur le plan de la charge de travail, la vaccination contre le HPV a entraîné une augmentation de fréquentation des centre de l'ordre de 4,5% ce qui correspond à l'augmentation de 4,8% observée sur l'ensemble des centres de référence VIH et cliniques de santé sexuelle en Angleterre durant la même période. Ceci s'explique par le fait que 92% des patients vaccinés étaient déjà suivis dans ces centres et que la vaccination s'est effectuée dans le cadre de visites de routine programmées. Seuls 12% des patients vaccinés sont venus dans les centres pour y recevoir le vaccin. A présent, l'étude pilote continue son chemin afin de déterminer l'impact de ce programme de vaccination contre le HPV sur l'infection par HPV, les verrues génitales et les cancers liés au HPV. Les investigateurs espèrent que les enseignements tirés de cette enquête pourront intéresser d'autres pays qui envisagent d'adopter cette stratégie de vaccination contre le HPV chez les HSH.Réf: Edelstein M. et al. Eurosurveillance, 24 (8), 2019.