GEMINI 1-2: évaluation de la thérapie duale chez les patients naïfs

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Profitant de l'audience internationale réunie à Mexico dans le cadre de l'édition 2019 du congrès de l'IAS (International AIDS Society), le Dr Pedro Cahn de la fondation Huesped de Buenos Aires a présenté, en première mondiale, les dernières données des études GEMINI 1-2, deux essais identiques de phase 3 incluant 1.433 patients naïfs de tout traitement antirétroviral et recrutés sur les cinq continents.Environ 85% étaient des hommes dont 2/3 de race caucasienne et l'âge moyen était de 32 ans. A l'inclusion, 80% de ces patients présentaient une charge virale égale ou inférieure à 100.000 copies/ml tandis que 20% présentaient des charges virales bien plus importantes, entre 100.000 et 500.000 (limite supérieure autorisée dans l'étude). Plus de 90% des participants avaient un taux de CD4 supérieur à 200 cellules/mm3. Étaient exclus de cette étude les patients infectés par le virus de l'hépatite B ou traités pour une infection par l'hépatite C ainsi que les patients présentant des mutations majeures de résistance pour la transcriptase inverse ou les inhibiteurs de protéase. Tous ces patients étant naïfs de traitement antirétroviral, ils ont donc reçu pour la première fois un traitement contre le VIH, soit une trithérapie classique associant dolutégravir/TAF/emtricitabine, soit une thérapie duale associant dolutégravir et lamivudine. Le suivi total pour cette étude était fixé à 144 semaines, soit près de trois ans.Lors de l'édition 2018 du congrès de l'IAS à Amsterdam, le Dr Cahn avait présenté les principaux résultats d'une analyse groupée de ces deux études sur une période de suivi de 48 semaines.A ce stade, 91,5% des patients sous thérapie duale associant dolutégravir et lamivudine et 93,3% des patients ayant initié leur traitement antirétroviral sous trithérapie classique présentaient une charge virale indétectable (< 50 copies/ml) ce qui montre la non infériorité de la thérapie duale vs la trithérapie. Dans chaque groupe de traitement, on a pu constater un nombre très faible (1% ou moins) d'échec virologique confirmé. Le taux de réponse était, de plus, similaire chez les personnes ayant initié le traitement avec une charge virale faible ou élevée au départ. C'est sur base de ces premiers résultats solides que l'EMA s'est appuyée pour autoriser, en juillet 2019, la mise sur le marché de la thérapie duale associant dolutégravir et lamivudine en un comprimé à prise unique pour initier le traitement antirétroviral chez les patients naïfs.A Mexico, le Dr Cahn a présenté de nouvelles données qui, cette fois, viennent confirmer la durabilité de l'efficacité virologique de la thérapie duale. En effet, après 96 semaines de suivi, 86% des patients traités par thérapie duale associant dolutégravir et lamivudine et 89,5% des patients sous trithérapie classique présentaient une suppression virale continue dans une analyse instantanée (snapshot) en intention de traiter (ce type de résultat prend en compte tous les échecs thérapeutiques qu'ils soient ou non liés au traitement). En analyse TRDF, laquelle ne tient compte que des échecs thérapeutiques en lien direct avec le traitement (échec viral ou abandon pour effets secondaires), les taux de réponse étaient plus élevés, 96,6% et 96,4%, respectivement. On comptabilise 11 échecs virologiques confirmés pour le groupe thérapie duale et 7 cas pour la trithérapie classique sans émergence de résistances à l'encontre des inhibiteurs de l'intégrase ou des INTI. Le taux de survenue d'effets secondaires sévères ou d'interruption thérapeutique pour cause d'effets secondaires est bas et similaires pour les deux groupes de traitement. Enfin, il est important de noter que sur une période de deux ans, l'évolution des marqueurs de la fonction rénale et du métabolisme osseux est en faveur de la thérapie duale qui exclu le recours au TAF. Au final, ces premiers résultats au long cours confirme la thérapie duale comme une option sérieuse et convaincante pour initier un traitement antirétroviral chez les patients vivant avec le VIH.Réf: Cahn P. et al. Abstract WEAB0404LB, IAS 2019, Mexico.Dr Jean-Luc Schouveller