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Ces résultats soulignent l'importance de revoir les guidelines afin de donner priorité au dépistage des maladies cardiovasculaires et, surtout, des facteurs de risque chez les patients de moins de 40 ans.Actualiser nos connaissances sur le lien entre VIH et risque CVL'idée de mettre sur pied cette vaste étude de cohorte rétrospective part d'un constat fait par le Dr Tiffany Gooden et ses collaborateurs selon lequel la plupart des études évaluant le risque cardiovasculaire des patients vivant avec le VIH ont en moyenne 10 ans d'âge. Or, avec la dynamique actuelle des traitements antirétroviraux, 10 ans équivalent à des siècles ! Ces études sont donc obsolètes. De plus, elles ont été menées sur de trop petits échantillons de population et ne sont donc pas représentatifs de la population globale des personnes vivant avec le VIH. Enfin, il n'y avait jamais de groupe contrôle avec des personnes séronégatives. Pour combler ces lacunes et permettre une actualisation de l'estimation du risque cardiovasculaire lié au VIH, les investigateurs se sont tournés vers la base de données de la cohorte The Health Improvement Network (THIN) qui a inclus des patients dans plus de 800 pratiques de médecine générale et est très représentative de la population anglaise. Ils y ont recruté toutes les personnes vivant avec le VIH âgées de 18 ans et plus (9233 au total) afin de les coupler à un groupe contrôle constitué de personnes séronégatives selon un rapport 1:4 (35.721 en tout). Les groupes étaient similaires en terme d'âge (41 ans en moyenne), de représentation féminine (35%), d'IMC (25% en surpoids et 15% d'obèses), de statut tabagique (25% de fumeurs actifs et 50% de non-fumeurs) et de comorbidités. Risque accru avant 40 ansGlobalement, les personnes vivant avec le VIH présentent un risque augmenté de 50% de présenter une affection cardiovasculaire (AVC, maladie ischémique, infarctus, décompensation cardiaque, affections vasculaires périphériques) comparativement à la population générale séronégative.Dans le groupe spécifique des personnes vivant avec le VIH et âgées de moins de 40 ans, on constate que le risque d'affection cardiovasculaire est 2X plus élevé qu'au sein de la population séronégative et que le risque de décès toute cause est, lui, multiplié par un facteur 6. Enfin, le risque est aussi très élevé pour cette population jeune de présenter déjà de multiples facteurs de risque cardiovasculaires.Si on examine les risques par pathologie au sein de l'ensemble de la population (sans notion d'âge), on constate une augmentation du risque suite à la présence du VIH pour trois pathologies: l'AVC (+ 49%), les maladies ischémiques (+ 59%) et l'infarctus (+ 39%).Les femmes sont aussi à haut risquePar rapport aux femmes séronégatives, celles vivant avec le VIH ont un risque d'infarctus multiplié par 2,67 et de maladie ischémique multiplié par 2,34.Par rapport aux hommes séronégatifs, les femmes vivant avec le VIH présentent un risque accru de 55% pour l'AVC et de 47% pour les maladies ischémiques.Revoir les guidelinesToutes ces données actualisés soulignent l'importance et l'urgence de revoir les guidelines afin de ne plus centrer de façon prioritaire le dépistage et la prise en charge des facteurs de risque et des maladies cardiovasculaires sur le groupe des 40 ans et plus mais d'y inclure aussi les patients de moins de 40 ans, sans oublier les femmes, deux catégories de patients qui payent un lourd tribut aux maladies cardiovasculaires.Réf: Gooden T. et al. OAA0103, IAS 2021.