Les professeurs Susan Buchbinder (Directrice de la recherche sur le VIH, Ministère de la Santé Publique, San Francisco) et Lawrence Corey (HIV Vaccin Trials Network) ont fourni de plus amples détails sur les raisons de la clôture anticipée de l'essai clinique MOSAICO du vaccin contre le VIH et évoqué l'avenir de la recherche dans le domaine vaccinal.
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L'essai MOSAICO qui comparait l'administration d'un vaccin actif à celle d'un placebo auprès de 3 900 hommes et femmes, cis ou trans, en Europe ou en Amérique du Nord et du Sud s'est clôturé le 18 janvier dernier après que Janssen Pharmaceuticals ait signalé que le schéma vaccinal de l'étude n'était pas parvenu à démontrer son efficace à prévenir la contamination par le virus du VIH. Le couperet est tombé après le constat de l'absence d'efficacité du vaccin, les taux d'infection par le VIH se révélant, en fait, assez élevés. Susan Buchbinder a rapporté que l'incidence globale du VIH était de 4,1 pour 100 années-personnes dans les bras vaccin et placebo. Elle était même supérieure à 5,0 chez les personnes âgées de 18 à 20 ans, toujours dans les deux bras, et plus élevés en Amérique Latine qu'en Europe et aux États-Unis. Par contre, et c'est un point important, le schéma vaccinal s'est avéré sûr avec des effets indésirables généralement mineurs limités au site d'injection. Très honnêtement, Susan Buchbinder a reconnu que cet échec était hautement prévisible car, comme l'essai Imbokodo qui s'est, lui, terminé en 2021, Mosaico a testé un vaccin destiné à produire des anticorps non neutralisants. Contrairement aux anticorps neutralisants qui empêchent directement un agent pathogène de se propager dans le corps, les anticorps non neutralisants suscite des réponses immunitaires qui combattent indirectement l'infection. Reste qu'il est à présent nécessaire de revoir l'ensemble des données immunologiques disponibles afin de savoir si le vaccin a été un échec parce que la stratégie choisie n'était pas la bonne (ce que l'on voulait induire était bien présent mais il n'a pas protégé) ou parce que la réaction immunitaire induite a manqué de puissance. Lawrence Corey (HIV Vaccine Trials Network) avait déjà prévenu que les essais Imbokodo et Mosaico seraient cruciaux pour savoir si des anticorps non neutralisants pouvaient protéger contre le VIH. Suite à ces deux échecs, il est évident que de nouvelles orientation doivent être prises suggérant que pour aller de l'avant, les recherches vont à présent se concentrer sur des approches vaccinales faisant appel à des anticorps neutralisants. Pour clôturer sur un mode plus optimiste, Lawrence Corey a rappelé que sept ou huit vaccins candidats seront évalués au cours des deux prochaines années pour déterminer s'ils permettent d'atteindre des niveaux suffisamment élevés d'anticorps neutralisants pour protéger efficacement contre l'infection par le VIH. Il n'a pas caché que la tâche sera ardue, que ça prendra du temps mais la recherche dans le romaine vaccinal est très dynamique et motivée et, surtout, les chercheurs ont le plein soutien des patients et des associations comme cela a été démontré lors de l'essai MOSAICO.Réf: Session spéciale, CROI 2023, 21/02/2023, Seattle.