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Une nouvelle publication, réalisée au célèbre centre médical Montefiore de New York, confirme que les transplantés rénaux représentent une population particulièrement menacée en cette période de pandémie. Elle porte sur 36 personnes (dont 26 hommes), d'un âge médian de 60 ans, ayant toutes bénéficié d'une transplantation rénale. Entre le 16 mars et le 1er avril 2020, le diagnostic de Covid-19 a été biologiquement établi chez chacune d'elles.Vingt-sept greffés (75%) avaient reçu un rein de donneur décédé, 34 (94%) souffraient d'hypertension, 25 (69%) avaient un diabète sucré, 13 (36%) avaient des antécédents de tabagisme ou étaient des fumeurs actuels, et 6 (17%) avaient une maladie cardiaque. Il est important de noter que la presque totalité de ces personnes recevaient une combinaison de trois traitements immunosuppresseurs : 35 (97%) du tacrolimus, 34 (94%) de la prednisone et 31 (86%) du mycophénolate mofétil ou de l'acide mycophénolique.Huit patients sans signes respiratoires majeurs (22%) ont été traités à leur domicile, les 28 autres (78%) étant hospitalisés. Sur le plan clinique, une fièvre n'a révélé la maladie qu'un peu plus d'une fois sur deux (21 cas - 57 %) et une diarrhée a été constatée chez 8 patients (22%). Au cours d'un suivi d'une durée médiane de 21 jours, 11 patients (39%) ont reçu une ventilation mécanique et une hémodialyse s'est imposée dans 6 cas (21%).Sur le plan biologique, chez les 28 patients hospitalisés, une lymphopénie a été observée chez 22 d'entre eux (79%), 12 (43%) avaient une thrombopénie, 19 (68%) avaient un faible nombre de cellules CD3, 20 (71%) de cellules CD4 et 8 (29%) de cellules CD8, et 16 (57%) avaient des niveaux de d-dimère supérieurs à 0,5 μg par millilitre.Le traitement immunosuppresseur a été allégé via le retrait d'un antimétabolite chez 24 patients (86%) sur les 28 gravement malades. De plus, le tacrolimus a été suspendu chez 6 d'entre eux (21%). L'hydroxychloroquine a été administrée à 24 patients. Plusieurs patients ont reçu un traitement compassionnel.La mortalité précoce due au Covid-19 dans ce groupe de patients à risque apparaît très élevée. Au terme du suivi, dix transplantés rénaux sur 36 (28%) sont décédés, la mortalité atteignant 64% (7 sur 11) chez ceux qui ont été intubés. Deux des huit patients suivis en ambulatoire sont décédés à leur domicile : il s'agissait, dans les deux cas, d'une transplantation rénale récente avec administration de globuline antithymocyte au cours des cinq semaines précédant le décès. Le taux de mortalité est largement supérieur à celui de la population générale des Etats-Unis (1 à 5%) ou encore à celui des patients âgés de plus de 70 ans, évalué entre 8 et 15%.(référence : New England Journal of Medicine, 24 avril 2020, doi : 10.1056/NEJMc201111).