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Près de la moitié des personnes infectées par le SARS-CoV-2 ne développent pas de symptôme. Cependant, on sait peu de choses sur l'étendue et la qualité de leur réponse humorale antivirale.En s'appuyant sur des études épidémiologiques de terrain et sur la cohorte hospitalière FrenchCOVID, des chercheurs français ont étudié les anticorps induits chez des individus infectés par le coronavirus de manière asymptomatique ou symptomatique. Les anticorps sont capables de neutraliser le virus, mais aussi d'activer des fonctions dites "non neutralisantes", notamment la cytotoxicité dépendante des anticorps (antibody-dependent cellular cytotoxicity, ADCC) et le système du complément, deux composants importants de la réponse immunitaire qui jouent également un rôle clé dans l'efficacité de certains vaccins. L'ADCC est un processus en deux étapes, durant lequel les cellules infectées sont d'abord reconnues par les anticorps, puis détruites par les cellules NK (Natural Killer). Le système de complément est un ensemble de protéines plasmatiques qui peuvent éliminer les cellules qui ont formé des anticorps contre elles. La capacité des anticorps à activer ces fonctions non neutralisantes est encore très peu décrite dans le contexte de l'infection par le SARS-CoV-2.Dans un premier temps, les scientifiques ont mis au point de nouveaux tests permettant de mesurer les différentes fonctions des anticorps. Ils ont développé des tests pour étudier la mort cellulaire induite par les cellules NK ou par le complément en présence d'anticorps. En étudiant les cultures en temps réel grâce à la vidéo-microscopie, ils ont montré que les cellules NK, en présence des anticorps, peuvent tuer les cellules infectées, démontrant une nouvelle activité antivirale des anticorps.Les chercheurs ont ensuite analysé des sérums de 52 patients infectés asymptomatiques, 119 légèrement symptomatiques et 21 hospitalisés atteints de Covid-19. En plus de leurs nouveaux tests, ils ont analysé les anticorps avec différentes méthodes préalablement développées à l'Institut Pasteur, telles que le test S-Flow pour rechercher la présence d'anticorps IgG, IgA et IgM dirigés contre la protéine Spike du SARS-CoV-2 et le test S-Fuse qui mesure la capacité de neutralisation de ces anticorps."Cette étude a permis de montrer que les individus infectés par le SARS-CoV-2 possèdent des anticorps capables d'attaquer le virus de différentes manières, en l'empêchant d'entrer dans les cellules ou en tuant les cellules infectées grâce à l'activation des cellules NK via la fonction ADCC," explique Timothée Bruel, co-auteur principal.L'étude révèle que ces anticorps polyfonctionnels sont retrouvés chez tous les individus qu'ils soient symptomatiques ou asymptomatiques. Les niveaux d'anticorps et les fonctions sont néanmoins plus faibles chez les individus asymptomatiques.(référence : Cell Reports Medicine, 21 avril 2021, doi : 10.1016/j.xcrm.2021.100275)