...

Une drôle d'étude (1) datant du début de l'an dernier fait subitement l'actualité depuis qu'elle a été citée par la BBC (2) dans un article consacré à la manière dont la vie moderne transforme le squelette humain. Elle a ensuite été commentée par des nombreux autres médias. (3)Dans le cadre de leurs recherches, David Shahar et Mark Sayers de l'Université de Sunshine Coast ont étudié 1 200 personnes âgées de 18 à 86 ans et découvert que 33% d'entre elles possédaient une protubérance osseuse à l'arrière de la boîte crânienne, juste au-dessus de la nuque. L'anomalie concerne principalement les jeunes de 18 à 29 ans. Dans la plupart des cas, les éperons osseux observés ne mesuraient que quelques millimètres, mais les chercheurs ont néanmoins trouvé des excroissances osseuses de 10 à 31 mm chez certains jeunes étudiés. Dans un premier article publié en 2016 (4), les deux scientifiques avaient déjà réuni un échantillon de 218 radiographies de crâne de sujets âgés de 18 à 30 ans, et constaté qu'une exostose était présente chez 41% des jeunes, majoritairement des hommes.Appelée enthésophyte ou "protubérance occipitale externe élargie", cette excroissance n'est pas vraiment une découverte puisqu'on l'avait déjà remarquée dans le passé chez certaines personnes âgées, notamment en raison d'une mauvaise posture se caractérisant par une tête constamment penchée vers l'avant. La nouveauté, c'est que ces pointes osseuses sont désormais repérées sur les radiographies de nombreux jeunes, y compris ceux ne présentant aucun symptôme de tension au niveau du cou.Le point commun entre ces jeunes à "cornes" ? Ils sont de fervents adeptes du smartphone et de la tablette. Un lien qui n'a pas échappé aux chercheurs. Selon eux, l'anomalie serait une réponse biologique à l'inclinaison de la tête lorsqu'on consulte son téléphone ou sa tablette. "Nous émettons l'hypothèse que l'utilisation de technologies modernes et d'appareils portatifs pourrait être le principal responsable d'une posture exagérée et soutenue, et du développement ultérieur de caractéristiques crâniennes adaptatives robustes dans notre échantillon," précisent les auteurs qui ne cachent pas leurs inquiétudes quant à la santé musculo-squelettique future de la population de jeunes adultes et préconisent une intervention de prévention par le biais d'une éducation à l'amélioration de la posture.Précisons toutefois que l'hypothèse des chercheurs n'est qu'une supposition qu'ils ont émise lorsqu'ils ont constaté le nombre de malformations et qu'elle n'est pas étayée par des éléments concrets puisque ces derniers n'ont pas comparé leurs sujets, utilisateurs de smartphones, à un autre groupe qui n'en utilise pas, ou presque pas.(références :(1) Scientific Reports, 20 février 2019, doi : 10.1038/s41598-018-21625-1,(2) BBC, 13 juin 2019,(3) Washington Post, 25 juin 2019 et New York Times, 20 juin 2019,(4) Journal of Anatomy, 22 mars 2016, doi :10.1111/joa.12466)https://www.nature.com/articles/s41598-018-21625-1http://www.bbc.com/future/story/20190610-how-modern-life-is-transforming-the-human-skeletonhttps://www.washingtonpost.com/nation/2019/06/20/horns-are-growing-young-peoples-skulls-phone-use-is-blame-research-suggests/?utm_term=.cbe2712170c3https://www.nytimes.com/2019/06/20/health/horns-cellphones-bones.htmlhttps://onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/joa.12466