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Une équipe internationale s'est intéressée au cas d'un garçon de 17 ans et de sa mère de 52 ans qui possèdent, tous les deux, six doigts à chaque main, un supplémentaire entre le pouce et l'index, cas le plus fréquent de polydactylie, une malformation génétique rare au niveau de la main ou du pied. Pour déterminer l'étendue des capacités motrices des deux sujets, les chercheurs leur ont demandé de réaliser plusieurs tâches alors que leur activité cérébrale était contrôlée par IRMf. L'analyse révèle que les doigts surnuméraires sont activés par leurs propres muscles et nerfs, ce qui permet de les déplacer indépendamment des autres doigts, seul ou de concert avec les cinq autres doigts de la main, rendant la manipulation extrêmement polyvalente et habile. Les sujets peuvent effectuer certaines tâches avec une seule main alors que les deux sont normalement nécessaires pour accomplir cette tâche. Par exemple, ils attachent leurs lacets de chaussures avec une seule main et cela à la même vitesse que les personnes "normales".L'étude est aussi très intéressante sur le plan neurophysiologique. Aucun déficit moteur, ni de déficience, n'est constaté chez les deux sujets car leur cerveau semble avoir développé la capacité suffisante pour gérer leurs doigts supplémentaires. Les chercheurs identifient en effet à l'IRMf des ressources neuronales dédiées qui contrôlent le sixième doigt de chaque main, et les cortex moteur et somatosensoriel sont organisés pour tenir compte des capacités motrices supplémentaires observées.Les auteurs considèrent que l'étude des polydactyles pourrait servir de base pour le développement de membres artificiels en cas d'amputation notamment mais aussi en vue d'augmenter les capacités de mouvements naturels, ce qui, par exemple, aiderait un chirurgien à réaliser des opérations sans assistant. Cependant, ils rappellent aussi que les extrémités supplémentaires sont formées à la naissance et qu'il est difficile d'obtenir la même motricité lorsque des membres artificiels sont "ajoutés" plus tard dans la vie. (référence : Nature Communications, 3 juin 2019, DOI : 10.1038/s41467-019-10306-w)https://www.nature.com/articles/s41467-019-10306-w