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Divers travaux suggèrent que les vols spatiaux prolongés peuvent générer des problèmes d'atrophie musculaire, ou de perte de calcium osseux ainsi que des déficiences oculaires. Mais un autre souci pourrait venir s'ajouter à cette liste : celui des articulations."Nous savons que les tissus du système musculosquelettique - os, muscle, tendon, cartilage et ligament - sont constamment soumis à une 'charge' sur Terre," explique James Fitzgerald, auteur principal de l'étude. "Cela provient d'activités quotidiennes comme la marche et le levage, et de l'action de la gravité sur ce système. Mais lorsque la 'charge' est supprimée en raison de l'apesanteur et de la gravité quasi nulle dans l'espace, ces tissus commencent à se dégrader."C'est notamment le cas du cartilage comme le suggère une recherche récente du Henry Ford Community College qui s'est vu octroyer une subvention de la NASA d'un montant de 100 000 dollars il y a quelques années d'ici afin d'étudier l'impact du manque de gravité sur le corps de souris.Pour ce travail, six rongeurs mâles ont été envoyés dans l'espace, du 19 avril au 19 mai 2013, à bord d'un mini vaisseau spatial russe Bion-M1. Pendant ce temps, d'autres souris de contrôle ont été maintenues dans des conditions identiques sur Terre. La seule différence entre les deux groupes était donc le taux de gravité. Une fois les souris parties dans l'espace revenues sur Terre, les scientifiques ont alors entrepris d'analyser les tissus et l'expression génique du cartilage de tous les rongeurs. Ils ont recueilli des échantillons de cartilage articulaire et sternal.Résultat ? Comparativement à leurs congénères qui ne sont pas parties, le cartilage articulaire chez les souris de l'espace s'est considérablement dégradé, contrairement au cartilage sternal. "Une dégradation due au déchargement articulaire causé par le quasi-manque de gravité dans l'espace," a déclaré James Fitzgerald. En d'autres termes, les articulations font plus de travail sur Terre que dans l'espace, et lorsque les souris vont dans l'espace, elles subissent beaucoup moins de stress physique en l'absence de gravité, et elles commencent à se détériorer. L'étude ne se base ici que sur un modèle murin de souris. Donc rien ne garantit que la même chose pourrait être observée chez l'Homme. Mais la question va forcément se poser, et des études cliniques vont devoir être menées avant un éventuel premier voyage vers Mars, par exemple. "Parce que le cartilage chez l'Homme ne se répare pas facilement, le retour sur Terre pourrait entraîner des problèmes de santé à long terme," prévient James Fitzgerald. (référence : Npj Microgravity, 18 février 2019, doi : 10.1038/s41526-019-0063-6)https://www.nature.com/articles/s41526-019-0063-6