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Lors de cet ERS 2023, une équipe australienne a présenté des données provenant de la Barwon Infant Study (BIS), menée en Australie qui, entre 2010 et 2013, a recruté 1.074 bébés dont la croissance a été suivie. Dans le cas particulier de l'étude présentée à Milan, les investigateurs ont répertoriés les bactéries présentes dans les échantillons fécaux collectés un mois après la naissance, à six mois et à un an. Ces données ont été croisées avec celles des examens postnataux d'un an et de quatre ans, au cours desquels il a été demandé aux parents d'indiquer si leurs enfants avaient développé une respiration sifflante ou de l'asthme liée à une allergie au cours des 12 mois précédents. De plus des tests cutanés ont été effectués à la recherche d'une sensibilisation à des allergènes alimentaires ou des pneumallergènes courants.Enfin, dans un sous-groupe de 323 enfants sélectionnés au hasard, les investigateurs ont utilisé une technique de séquençage de l'ADN pour identifier et caractériser le microbiote intestinal et ils ont calculé le z-score du microbiote en fonction de l'âge (MAZ = estimation mathématique de la maturité du microbiote intestinal selon l'âge)Globalement les données indiquent qu'une plus grande maturité du microbiote intestinal à l'âge de 1 an est associé à un risque plus faible de présenter des allergies alimentaires ou des épisodes de respiration sifflante liés à une allergie ou de développer ces manifestations à l'âge de 4 ans. Cette association n'a pas été retrouvée pour les z-scores à 1 et 6 mois, ce qui suggère que la première année vie est essentielle pour l'acquisition d'une maturité suffisante du microbiote. Il est également rapporté que la protection tient plus à la composition globale du microbiote intestinal qu'à la présence ou l'absence de bactéries spécifiques.Les mécanismes par lesquels un microbiote intestinal mature contribue à prévenir les maladies liées aux allergies ne sont pas entièrement compris, mais pour Yuan Gao qui présentait ces résultats "Compte tenu des origines et du développement complexes du microbiote intestinal et du système immunitaire du nourrisson, il est probable que l'effet protecteur d'un microbiote intestinal sain se produise grâce à des communautés de bactéries agissant de multiples manières différentes, plutôt que via un mécanisme particulier". A ce stade bien des inconnues persistent sur la façon dont le microbiote intestinal améliore le système immunitaire, mais à terme il est permis de penser que de nouvelles façons de prévenir les maladies liées aux allergies pourraient être développées, par exemple favoriser et activer la maturation du microbiote intestinal au début de la vie de façon à réduiret le nombre d'enfants développant de l'asthme et d'autres maladies liées aux allergies. A ce stade voeu pieux, mais vaste programme à suivre avec intérêt !