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Le développement d'un vaccin évolue à grands pas, assure Anthony Fauci, chef de l'Institut national des allergies et des maladies infectieuses (NIH/NIAID). Selon lui, il faudra environ deux mois pour passer du séquençage du virus aux premières études cliniques sur les vaccins potentiels. Un temps beaucoup plus court que pour d'autres épidémies virales des décennies passées : 20 mois pour le Sras en 2003, 11 mois pour la grippe aviaire (H5N1) en 2006, quatre mois pour le Sras en 2001 et au moins trois mois pour le zika en 2016. La séquence complète du Sras-CoV2 a été publiée le 10 janvier dernier, quelques semaines après son explosion à Wuhan. Nous voilà deux mois plus tard.Plusieurs pistes sont actuellement explorées. Selon le Pr Fauci, la plus avancée est celle développée par le NIAID, en collaboration avec le secteur pharmaceutique. Il s'agit d'un vaccin à ARN messager (ARNm), qui cible la protéine de spicule du Sras-CoV2.Les vaccins à ARN sont des vaccins où l'ARNm d'un antigène (en l'occurrence la protéine de spicule) est injectée dans le corps d'une personne à vacciner. Les cellules corporelles absorbent l'ARNm, fabriquent la protéine correspondante et l'expriment sur leur surface. La protéine étrangère au corps provoque donc une réponse immunitaire, qui permet au corps de se protéger contre l'agent pathogène lié à l'antigène concerné.L'intérêt pour les solutions à base d'ARNm remonte aux années 90 et cadre avec l'utilisation plus généralisée des acides nucléiques et de son équivalent ADN. Depuis, il existe aussi des vaccins à l'ADN, basés sur un plasmide. Ceux-ci sont disponibles pour les animaux, mais pas encore pour les humains.Les vaccins à ADN ou ARNm présentent le grand avantage que l'agent pathogène n'est pas lui-même présent. Grâce au séquençage moderne, ces vaccins peuvent être produits plus rapidement et sont moins onéreux que les vaccins classiques. Une belle ouverture quand on sait que d'autres épidémies virales mettront bientôt le monde en péril.Toutefois, il n'est pas du tout certain qu'un vaccin sera un jour commercialisé. La recherche se focalise de plus en plus sur les solutions à ARNm, de par leur facilité de production. Les plasmides d'ADN doivent être produites par une bactérie, alors que la production d'ARNm peut être déclenchée à l'aide d'une séquence ADN adaptée et purement moléculaire. On considère par ailleurs que l'ARNm offre davantage de sécurité, car la molécule est dégradée dès que la protéine correspondante a été synthétisée.L'idée est alléchante, mais tout le monde n'est pas aussi enthousiaste que le Pr Fauci. Ainsi, le microbiologiste Ralph Baric, de l'université de Caroline du Nord, rappelle qu'il existe de nombreuses souches de Sras-CoV2. Il est dès lors compliqué de développer un vaccin qui couvre tout le spectre. L'intéressé entrevoit donc plus de perspectives dans la voie curative, parmi lesquelles le remdesivir, un inhibiteur de ribonucléoside, un médicament développé à l'origine comme traitement contre Ebola.Medpage Today - COVID Vax Moving at Brisk Clip, but Will It Be Soon Enough?