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Au fil du temps, et tout particulièrement avec l'augmentation du tabagisme féminin et la pollution de l'air intérieur liée à des logements trop petits et mal ventilés, l'exposition aux agents néfastes à la santé pulmonaire est telle que la répartition entre les deux sexes pourrait basculer d'ici quelques décennies au niveau mondial. Dans les pays développés, le nombre d'hospitalisations et de décès dus à la BPCO est déjà plus élevé chez les femmes que chez les hommes. En cause, notamment : une plus grande susceptibilité au développement d'une BPCO sévère et à apparition précoce, avec une diminution plus rapide du VEMS.À l'occasion du congrès 2024 de l'ATS, une équipe de chercheurs a présenté ses travaux visant à confirmer une hypothèse émise pour expliquer le phénomène : un remodelage des bronchioles terminales et des vaisseaux associés plus important chez les femmes que chez les hommes, les prédisposant ainsi plus au développement précoce d'une BPCO sévère [1].Leur étude s'appuyait sur une cohorte transversale de 100 poumons provenant d'ex-fumeurs et ex-fumeuses aux antécédents tabagiques comparables et avec une fonction pulmonaire normale, en les comparant avec des poumons de donneurs appariés qui présentaient une BPCO légère à très sévère. Tous ces poumons ont été gonflés à une même pression, puis congelés avant d'en tirer au hasard huit échantillons anatomopathologiques dans chacun d'entre eux. Ces échantillons ont été scannés par micro-tomodensitométrie (micro-CT), et toutes les analyses d'images basées sur la stéréologie des scans par microCT ont été réalisées par le logiciel open source ImageJ. Ensuite, un logiciel personnalisé par les auteurs a permis d'évaluer les bronchioles terminales en termes de surface et d'épaisseur de la paroi, de surface luminale, d'attaches alvéolaires et de caractéristiques des vaisseaux associés et des attaches alvéolaires. Ces dernières sont des septa de tissu conjonctif s'insérant radialement dans l'adventice des bronchioles.L'étude n'est pas terminée, mais des résultats préliminaires intéressants ont déjà pu être obtenus au travers des 34 premiers donneurs. La paroi bronchiolaire était plus épaisse chez les hommes avec une BPCO légère/modérée, en comparaison avec celles des femmes présentant une BPCO de même grade (p < 0,05). Les chercheurs ont également noté que les attaches alvéolaires avaient tendance à être plus réduites chez ces femmes. Par ailleurs, la paroi des vaisseaux était également plus fine chez elles (p < 0,01). Elles présentaient également moins d'attaches alvéolaires capables de maintenir les vaisseaux ouverts (p < 0,05).L'atteinte plus marquée des attaches alvéolaires dans la BPCO chez la femme n'est pas une réelle surprise. Des études antérieures avaient déjà observé une association entre la quantité et la qualité des attaches alvéolaires et le degré d'inflammation au niveau des bronchioles. Il a également été montré que l'atteinte de ces attaches était le principal déterminant de la limitation du débit au niveau bronchiolaire. De plus, l'infiltration neutrophilique des parois des voies respiratoires et la dégradation du collagène dans leur adventice sont corrélées à la perte d'attaches alvéolaires, qui peut elle-même être corrélée à l'étendue de l'éventuel emphysème.[1] Aminazadeh F. et al. Investigating the Contribution of Sex Differences to Small Airways Disease in Chronic Obstructive Pulmonary Disease (COPD) Using Ultra-high Resolution Imaging. Am J Respir Crit Care Med 2024;209:A1245.