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Dans le cadre de recherches antérieures, le Pr Ubaldo Martinez-Outschoorn et ses collègues ont découvert dans des modèles humains et animaux de carcinome épidermoïde de la tête et du cou que les interactions entre les fibroblastes et les cellules cancéreuses favorisent la croissance tumorale. Les fibroblastes sont le type de cellules le plus répandu dans le stroma tumoral. Ces cellules dites de soutien permettent de maintenir l'architecture des tissus. Les cellules cancéreuses utilisent les catabolites que génèrent les fibroblastes environnants pour obtenir de l'énergie et alimenter leur croissance. C'est alors que les tumeurs sont les plus agressives.Dans la présente étude, en exposant des fibroblastes à la fumée de cigarette, les chercheurs ont constaté l'augmentation d'un type particulier de métabolisme, appelé glycolyse, qui produit les métabolites favorisant la croissance des cellules cancéreuses. Ces dernières acquièrent en outre certaines caractéristiques de la malignité telles que la mobilité accrue et la résistance à la mort cellulaire. Le soutien accru des fibroblastes exposés au tabac a par ailleurs provoqué des tumeurs plus grosses chez un modèle murin de la maladie.Sur les fibroblastes exposés au tabac, les scientifiques ont également repéré une protéine, appelée monocarboxylate transport 4 (MCT4), qui provoquerait les changements métaboliques. Enfin, ils ont découvert que les fibroblastes exposés à la fumée interagissaient avec d'autres cellules du stroma tumoral, telles que les cellules du système immunitaire. Il va donc être intéressant de comprendre comment ces fibroblastes altérés pourraient influencer l'efficacité des immunothérapies actuelles.Cette trouvaille a jeté les bases d'un essai clinique grâce auquel les auteurs espèrent mettre un terme à l'état métabolique négatif induit par la fumée de cigarette. Comment ? En combinant deux molécules : la metformine, un médicament contre le diabète, pour ralentir la croissance des cellules tumorales, et le durvalumab, une immunothérapie, pour augmenter la puissance des cellules du système immunitaire.(référence : Molecular Cancer Research, 25 juin 2019, DOI : 10.1158/1541-7786.MCR-18-1191)