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On sait que l'un des symptômes de la Covid-19 les plus fréquents est l'agueusie. Mais il existe sans doute d'autres liens entre les récepteurs du goût et cette maladie, comme l'atteste une nouvelle étude réalisée du 1er juillet au 30 septembre 2020, dans un cabinet clinique ambulatoire tertiaire et un établissement hospitalier aux États-Unis. Ainsi, le goût amer qu'on peut avoir dans la bouche après avoir mangé du pamplemousse, de l'endive, du brocoli, du céleri ou du chou frisé pourrait être en corrélation avec une meilleure protection contre le nouveau coronavirus.Des chercheurs américains et égyptiens se sont demandé quelle est l'association entre le phénotype T2R (récepteur du goût amer) et l'évolution clinique du patient après infection par le SARS-CoV-2.Leur essai a porté sur 1 935 patients et agents de santé dont 1101 femmes. Parmi les participants, 266 (13,7 %) ont été positifs au SARS-CoV-2, avec une forme plus ou moins grave. Parmi eux, 55 (20,7 %) ont dû être hospitalisés. Chez certains, les symptômes ont persisté jusqu'à 48 jours après l'infection. Tous ont subi des tests de goût pour évaluer l'intensité de leur sensibilité au goût amer. Ils ont été répartis en trois groupes, celui des personnes qui ne peuvent pas détecter certaines saveurs amères (510, soit 26,4%), celui des personnes qui sont extrêmement sensibles au goût amer (508, soit 26,3%) et celui de personnes qui sont entre les deux (917, soit 47,4%).D'après les résultats de cet essai, les participants qui ne ressentent pas (ou très peu) le goût amer des aliments sont significativement plus susceptibles que ceux des deux autres groupes de contracter la maladie, d'être hospitalisés une fois infectés et de souffrir des symptômes sur une longue durée. À l'inverse, ceux qui ressentent intensément l'amertume ne représentent que 5,6% des patients infectés par le SARS-CoV-2, ce qui suggère une protection immunitaire innée renforcée chez ce type de profil."Cette étude montre que les variantes alléliques du récepteur du goût amer sont associées à la réponse immunitaire innée vis-à-vis du SARS-CoV-2 et peuvent être utilisées pour établir une corrélation avec l'évolution clinique et le pronostic de la Covid-19," concluent les auteurs.(référence : JAMA Network Open, 25 mai 2021, doi:10.1001/jamanetworkopen.2021.11410)