...

Pour cette étude contrôlée et randomisée, menée en double aveugle et dénommée Vigicann, 15 fumeurs "réguliers", fumant un à deux joints par jour, et 15 fumeurs "occasionnels", s'en autorisant un à deux par semaine, ont été sélectionnés.Agés de 18 à 34 ans, ils ont suivi trois sessions de 24 heures à l'hôpital. Au cours de chacune d'elles, de manière aléatoire, ils ont fumé un joint contenant soit du placebo (chanvre textile sans tétrahydrocannabinol (THC), principe actif du cannabis), soit une dose faible de 10 mg de THC, soit une dose assez élevée de 30 mg. Les joints étaient fumés selon un protocole précis : une inhalation de 2 secondes toutes les 40 secondes pendant dix minutes, soit 15 bouffées.Douze prélèvements sanguins ont été réalisés avant et après l'inhalation de cannabis. Les effets sur le temps de réaction et les performances au volant des sujets ont également été évalués à sept reprises par des tests de vigilance et sur simulateur de conduite. Une analyse a permis de croiser, grâce à un logiciel, la concentration sanguine en THC (pharmacocinétique) et les effets du cannabis sur l'organisme (pharmacodynamique).Les résultats sont riches d'enseignement. Chez les fumeurs chroniques, le pic de THC dans le sang est deux fois plus élevé pour une même dose administrée et il est atteint cinq minutes après la fin de la consommation puis décroît rapidement. Uniquement chez ces fumeurs chroniques, le THC reste détectable après 24 heures. Cela s'explique par une tolérance plus grande aux effets de la drogue.Par ailleurs, malgré des conditions de consommation totalement standardisées, afin de compenser l'accoutumance, les fumeurs chroniques absorbent plus de THC par joint que les fumeurs occasionnels, et ce quelle que soit la dose.Autre constat : les temps de réaction sont significativement allongés sous cannabis (versus placebo), de manière plus importante avec une dose de 30mg (versus 10mg), et sont davantage marqués chez les fumeurs occasionnels (vs fumeurs chroniques) pour une même dose consommée. L'effet maximal du cannabis sur les performances de conduite dépend quant à lui uniquement du mode de consommation du fumeur. Ces effets sont maximaux environ cinq heures après consommation et durent plus longtemps chez les fumeurs occasionnels (environ 13 heures) que chez les chroniques (environ 8 heures). Enfin, les auteurs mettent en évidence une absence de relation pharmacocinétique-pharmacodynamique.(références : Clinical Chemistry, mai 2019, DOI : 10.1373/clinchem.2018.299727, et YouTube, 19 mars 2019)http://clinchem.aaccjnls.org/content/65/5/684https://www.youtube.com/watch?v=LPIAmwNX9zI