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Pour cette étude australienne, 16 jeunes adultes (13 hommes et 3 femmes), dont la moyenne d'âge est de 27 ans, ont été enrôlés entre 2014 et 2018. Tous avaient été victimes, au moins de 18 mois avant l'inclusion, d'une lésion de la moelle épinière, la plupart après un accident de voiture ou une blessure en faisant du sport, qui les avait laissés paralysés des quatre membres.Au total, 59 transferts nerveux ont été effectués chez les 16 participants et chez 10 d'entre eux, les transferts nerveux ont été combinés à des transferts de tendons d'un muscle fonctionnel vers un muscle paralysé.Déjà couramment utilisée dans certains cas de lésions du plexus brachial et des nerfs périphériques, la technique des transferts nerveux consiste à prélever des nerfs liés à des muscles toujours fonctionnels, situés au-dessus de la blessure à la colonne vertébrale, puis à les lier aux nerfs de muscles paralysés au-dessous de la blessure, afin de "ranimer" ces derniers. Et pour certains patients, des tendons ont donc été greffés sur les membres supérieurs. L'objectif est de restaurer l'extension du coude, et ainsi la capacité à faire un mouvement de pince avec la main et à saisir des objets.Les participants ont été évalués 12 mois et 24 mois après l'opération. Ainsi, deux ans après la chirurgie, et après une thérapie physique intensive, des améliorations significatives ont pu être observées. Alors qu'avant la chirurgie aucun des patients n'était en mesure de noter, de prendre des objets ou de les pincer, deux années plus tard, 13 d'entre eux étaient déjà capables de tendre leurs bras et d'ouvrir leurs mains pour saisir et manipuler des objets. La force de pincement et de préhension était suffisamment rétablie pour permettre la plupart des activités de la vie quotidienne comme se nourrir, boire un verre, se brosser les dents, se coiffer, se maquiller, écrire... La restauration de l'extension des coudes a par ailleurs amélioré leur capacité à propulser leur fauteuil roulant et à se mettre au lit ou dans une voiture. Selon les auteurs de l'étude, les transferts nerveux apportent des améliorations fonctionnelles similaires à celles des transferts tendineux traditionnels, mais avec l'avantage d'incisions plus petites et des périodes d'immobilisation post-chirurgicales plus courte. En outre, chez les participants qui ont bénéficié des deux techniques, les avantages ont été combinés. Les transferts nerveux ont restauré un mouvement plus naturel et un contrôle moteur plus fin dans une main tandis que les transferts de tendons ont restauré plus de puissance et une capacité de levage importante dans l'autre main.Malgré ces résultats prometteurs, la technique des transferts nerveux comporte des limites. Ainsi, quatre transferts réalisés sur trois patients ont échoué. Par ailleurs, le délai d'intervention doit être court. En effet, pour des résultats optimaux, l'opération doit avoir lieu entre 6 et 12 mois après la lésion. De plus, ce type d'intervention ne restaure pas la fonction au niveau où elle était avant la blessure. Enfin, la récupération des fonctions motrices peut prendre de long mois, voire des années à survenir.Mais les chercheurs ne s'avouent pas vaincus. Ils ont d'ores et déjà annoncé leur intention de poursuivre les recherches avec un panel de patients plus large afin de déterminer le type de personnes sur lesquelles cette technique est la mieux à même de réussir.(référence : The Lancet, 4 juillet 2019, DOI : 10.1016/S0140-6736(19)31143-2)