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Les scientifiques ont passé à la loupe le réseau de connexions neuronales dans la matière blanche de 68 régions cérébrales distinctes d'un panel de 19 étudiants universitaires américains en bonne santé. C'est dans cette matière que se trouvent les axones qui relient les milliards de neurones et transportent les signaux électriques entre eux.Une équipe dirigée par le neuroscientifique Rex Jung de l'université du Nouveau-Mexique a d'abord utilisé une technique particulière d'IRM, appelée imagerie du tenseur de diffusion. Cette technique permet de regarder à travers le crâne d'une personne vivante et de tracer les chemins de tous les axones en suivant le mouvement de l'eau le long de ces derniers. Ensuite, des ordinateurs n'ont plus eu qu'à convertir les scans en cartes tridimensionnelles, soit des schémas de câblage du cerveau.En parallèle, les participants ont été soumis à plusieurs tests pour évaluer leur créativité. Ils ont également rempli un questionnaire sur leur expérience dans dix domaines, comprenant notamment les arts visuels, la musique, l'écriture créative, la danse, la cuisine et la science. Les statisticiens David Dunson et Daniele Durante ont ensuite créé des algorithmes capables d'analyser ces informations, d'identifier des différences entre les structures cérébrales des sujets étudiés et de les combiner avec le score de créativité propre à chaque volontaire.Résultat : aucune différence significative entre les connexions de l'hémisphère gauche et celles de l'hémisphère droit. En revanche, les scores de créativité les plus élevés ont été attribués aux personnes qui présentaient le plus de connexions entre les deux hémisphères.Les auteurs de l'étude en déduisent qu'à l'avenir des experts pourraient évaluer les talents créatifs naturels d'une personne en regardant de plus près la structure de son réseau cérébral, et même prédire la probabilité que celle-ci soit créative ou non. Admettant que la taille de leur échantillon est très faible, ils considèrent que le lien entre plus de connexions et des niveaux plus élevés de créativité devra être confirmé par d'autres études analysant des groupes de volontaires beaucoup plus larges et diversifiés. Et leurs travaux ne s'arrêtent pas là : ils comptent développer des méthodes statistiques pour déterminer si la connectivité du cerveau varie en fonction du quotient intellectuel, dont la relation à la créativité constitue un sujet d'études.Ils espèrent aussi que leur méthode, appelée connectomique (étude et cartographie de l'ensemble des connexions neuronales du cerveau), pourra servir pour des applications thérapeutiques, entre autres détecter de manière précoce la maladie d'Alzheimer et mieux comprendre la démence, l'épilepsie, la schizophrénie et d'autres conditions neurologiques telles que les traumatismes crâniens ou encore le coma.(références :(1) Bayesian Analysis, 15 novembre 2016, doi : 10.1214/16-BA1030,(2) Brain, 21 septembre 2013, doi : 10.1093/brain/awt25214)