...

Processus connu dans les cellules germinales, mais aussi dans les cellules immunitaires comme les lymphocytes B, c'est la première fois que la recombinaison génétique est identifiée dans le cerveau. Pour y parvenir, Jerold Chun et ses collègues ont analysé les neurones provenant du cerveau de personnes âgées en bonne santé et de patients atteints de la forme non héritée de la maladie d'Alzheimer, ce qui représente la plupart des cas. Ils ont vérifié si les cellules hébergeaient différentes versions du gène APP codant pour le précurseur de l'amyloïde, la protéine toxique qui a tendance à s'accumuler dans les cerveaux des patients Alzheimer.Résultats ? Tous les échantillons de cerveaux Alzheimer étudiés contenaient une surabondance de variants distincts du gène APP par rapport aux échantillons prélevés sur des cerveaux normaux. Parmi les milliers de variants, il y avait notamment 11 modifications mono-nucléotidiques identiques à des mutations connues de la forme familiale très rare de la maladie d'Alzheimer. Les neurones des sujets décédés sans la maladie n'avaient pas ces mutations.Les auteurs pensent que le remaniement des gènes nécessite une enzyme appelée transcriptase inverse, qui fabrique des copies d'ADN à partir des molécules d'ARN. Mais, comme la transcriptase inverse est une enzyme pas très fiable, elle fait beaucoup d'erreurs, ce qui explique pourquoi, dans la maladie d'Alzheimer, les copies du gène APP ne correspondent plus au gène d'origine, et sont codées pour des variants différents d'APP.Par ailleurs, la transcriptase inverse est le même type d'enzyme qui est utilisée par les rétrovirus comme le VIH pour infecter les cellules. Bien qu'il n'y ait aucune preuve médicale que le SIDA cause la maladie d'Alzheimer, les traitements antirétroviraux anti-VIH existants qui bloquent la transcriptase inverse pourraient également permettre de stopper le processus de recombinaison de gènes dans les neurones et agir contre l'Alzheimer et d'autres troubles cérébraux. Les chercheurs ont noté l'absence relative de la maladie d'Alzheimer chez les patients VIH âgés sous traitement antirétroviral, ce qui conforte une telle possibilité. Une affaire à suivre...(référence : Nature, 21 novembre 2018, doi : 10.1038/s41586-018-0718-6)https://www.nature.com/articles/s41586-018-0718-6#article-info