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L'épuisement professionnel des médecins a pris la forme d'une épidémie pouvant affecter les domaines essentiels des soins de santé, principalement la qualité des soins et ainsi que la satisfaction et la sécurité des patients.Pour confirmer ce constat, les universités de Manchester, Keele, Leeds, Birmingham et Westminster se sont associées. Elles ont mené à bien une méta-analyse, basée sur 47 études et comprenant les réponses de 42 473 médecins dont 25 059 hommes (59%), leur moyenne d'âge étant de 38 ans.Ce travail met en exergue l'impact dramatique du burnout dans le milieu médical. Il en ressort qu'un médecin qui se déclare surmené est deux fois plus susceptible de mettre en péril la sécurité des patients en faisant des erreurs, telles que des diagnostics incorrects ou des prescriptions erronées.Un récent rapport du General Medical Council (GMC), l'ordre des médecins britanniques, révèle que des erreurs préjudiciables évitables surviennent chez un patient sur 20. Le surmenage doublerait les risques de non-respect des normes professionnelles et des mauvaises pratiques.Ces risques touchent particulièrement les jeunes praticiens. Selon l'étude des universités, chez les médecins en formation, le burnout augmente de 3,5 fois la probabilité d'une baisse de suivi des normes professionnelles. L'enquête du GMC révèle aussi que, parmi 52 000 médecins britanniques débutants, un stagiaire sur quatre déclare se sentir en épuisement professionnel.La satisfaction des patients est également en jeu. L'auteure principale de l'étude Maria Panagioti explique que celle-ci est trois fois plus susceptible d'être inférieure lorsque les médecins sont physiquement, émotionnellement et mentalement épuisés. Entre 2016 et 2017, la satisfaction du public vis-à-vis du National Health Service (NHS), le système de santé publique au Royaume-Uni, a diminué de 63 à 57 %."Nous montrons de façon concluante que la prestation de soins sûrs et de haute qualité aux patients est gravement compromise lorsque les médecins sont épuisés," assure le Dr Panagioti."Clairement, ce n'est pas la faute des médecins. Cela est dû à une combinaison de facteurs, dont une charge de travail élevée, la façon dont les équipes travaillent ensemble et l'absence de mesures qui améliorent le bien-être. Il s'agit également d'une culture de la performance qui s'est répandue ces dernières années dans la profession médicale. On demande de plus en plus aux médecins d'être surhumains, alors qu'ils ne le sont pas. Comme toute personne travaillant sous une pression aussi énorme, ils ont besoin de soins et d'attention."Maria Panagioti insiste encore sur la nécessité de prendre en compte le bien-être des médecins et elle invite le NHS à repenser d'urgence l'environnement dans lequel les médecins sont souvent obligés de travailler, ce qui veut dire examiner la charge de travail, améliorer le travail d'équipe et favoriser les échanges entre professionnels. (référence : JAMA Internal Medicine, octobre 2018, doi : 10.1001/jamainternmed.2018.3713, et video YouTube)https://jamanetwork.com/journals/jamainternalmedicine/article-abstract/2698144https://www.youtube.com/watch?v=PW7CR2QB1jc