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Le fait de consommer une très petite quantité d'alcool au quotidien, est-ce utile ou nocif pour la santé ? La question est loin d'être tranchée. Alors que des études antérieures ont montré une association entre une consommation modérée d'alcool et un risque cardiovasculaire réduit, des scientifiques britanniques et chinois ont constaté que les effets apparemment protecteurs d'une consommation modérée d'alcool contre les AVC sont en grande partie non causaux. Pour obtenir cette conclusion, les auteurs ont eu recours à l'épidémiologie génétique. Entre le 25 juin 2004 et le 15 juillet 2008, ils ont examiné les dossiers de 512 715 adultes, originaires de dix régions de Chine, enregistrant leur consommation d'alcool et d'autres caractéristiques. Ils les ont suivis pendant environ 10 ans, surveillant les maladies cardiovasculaires (y compris les AVC ischémiques, les hémorragies intracérébrales et l'infarctus du myocarde) en lien avec les registres de morbidité et de mortalité et les dossiers électroniques des hôpitaux.161 498 participants ont été génotypés pour deux variants qui altèrent le métabolisme de l'alcool : ALDH2-rs671 et ADH1B-rs1229984. Ces variants sont communs au sein des populations de l'Est asiatique.Les chercheurs ont constaté que ces variants qui rendent intolérants à l'alcool diminuent également de manière uniforme la pression artérielle et par conséquent le risque d'AVC. A partir de cette évidence génétique, ils ont établi qu'une à deux doses d'alcool par jour augmentent le risque d'AVC de 10 à 15%, et quatre doses quotidiennes (280 g d'alcool par semaine) de 35%. Pour cette étude, une dose a été définie comme étant un petit verre de vin, une pinte de bière ou une mesure de spiritueux.Sur base de leurs résultats, les auteurs réfutent un effet protecteur d'une consommation modérée d'alcool sur le risque d'AVC.(référence : The Lancet, 4 avril 2019, DOI : 10.1016/S0140-6736(18)31772-0)