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Si ce n'est pas la première fois que le lien entre santé bucco-dentaire et maladie d'Alzheimer est établi, cette nouvelle étude internationale corrobore un peu plus cette hypothèse. Les chercheurs ont en effet trouvé davantage de gingipaïnes dans le cerveau de personnes touchées par Alzheimer que dans celui de patients non malades et ils ont pu corréler les niveaux de gingipaïnes avec une pathologie liée à deux marqueurs : tau, une protéine nécessaire au fonctionnement neuronal normal, et l'ubiquitine, une petite étiquette protéique qui marque les protéines endommagées.Pour étudier l'impact des gingipaïnes sur la santé cérébrale, l'équipe a appliqué la bactérie parodontale P. gingivalis, productrice de ces protéases toxiques, dans la bouche de souris. Ils ont ensuite constaté que l'infection orale a entraîné une colonisation du cerveau par les gingipaïnes et que cette colonisation est à l'origine d'une augmentation de la production de la protéine bêta-amyloïde, un composant des plaques amyloïdes couramment associé à la maladie d'Alzheimer. Ils ont également observé que ces gingipaïnes sont neurotoxiques in vivo et in vitro, exerçant des effets néfastes sur la protéine Tau.Pour bloquer cette neurotoxicité, les scientifiques ont conçu et synthétisé des petits inhibiteurs moléculaires appelés "COR388". Dans des expériences précliniques, ils ont démontré qu'en inhibant les gingipaïnes, ils obtiennent une réduction de la charge bactérienne d'une infection cérébrale à P. gingivalis, une production bloquée de bêta-amyloïde, une neuro-inflammation réduite et des neurones protégés dans l'hippocampe.Pareil traitement pourrait donc être utile pour traiter la colonisation du cerveau par P. gingivalis et prévenir la neurodégénérescence dans la maladie d'Alzheimer(référence : Science Advances, 23 janvier 2019, DOI: 10.1126/sciadv.aau3333