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De précédentes études ont déjà suggéré qu'une exposition aux rayons cosmiques pouvait décupler le risque de cancer. L'an dernier, une autre recherche américaine a mis en lumière la dangerosité des radiations de la planète Mars (2) tandis que des chercheurs de l'université de Floride ont révélé que le nombre de décès chez les astronautes partis en mission lunaire était cinq fois supérieur à celui constaté chez ceux qui n'avaient participé qu'à des missions au sol. (3) Il a aussi déjà été question de dérèglement du système immunitaire et de dommages cardiaques. Mais le danger serait en réalité encore bien plus grand.Cette fois, les scientifiques ont exposé une première cohorte de souris au rayonnement cosmique pendant 12 semaines, et un second groupe pendant 24 semaines. Ensuite, ils leur ont fait passer une batterie de tests comportementaux en labyrinthe et ils ont comparé les données récoltées avec celles d'un groupe témoin.Verdict : les capacités de mémoire épisodique des souris les plus exposées et leur reconnaissance spatiale ont significativement baissé. Dans un même temps, la peur et l'anxiété ont augmenté. Pire, les auteurs ont aussi observé des changements à l'intérieur même des neurones. Plus l'exposition aux rayons cosmiques est importante, plus la transmission de l'influx nerveux des neurotransmetteurs au niveau de la mémoire est abîmée. En outre, sur les souris exposées à des particules chargées, l'inflammation du cerveau a perduré six mois après l'exposition, entraînant même des dégâts irréversibles."Cette exposition peut conduire à une gamme de potentielles complications du système nerveux central", confirme Charles Limoli, professeur de radio-oncologie qui a dirigé ce travail. "Celles-ci peuvent persister longtemps après un voyage lointain dans l'espace. Nous tenons une preuve supplémentaire que les voyages de ce type constituent une menace réelle et unique à l'intégrité de nos circuits neuronaux."Cependant, les résultats obtenus doivent être pris avec précaution. Certes ils mettent en lumière un vrai danger pour les astronautes mais ils concernent des souris et ne sont donc pas expressément transposables sur l'Homme.Par ailleurs, même si elle risque désormais d'avoir du mal à trouver des volontaires pour aller sur la planète rouge, la Nasa n'a pas l'intention de baisser les bras. Pour remédier au problème de radiations, deux voies sont actuellement à l'étude.La première concerne le matériel. Elle consiste à consolider certaines parties du futur vaisseau spatial, celles où les astronautes vivraient et dormiraient, avec un blindage, dont l'efficacité reste cependant à démontrer en pratique. La seconde solution repose sur l'élaboration de formules pharmacologiques capables de piéger les radicaux libres et de protéger les neurotransmissions.La conquête spatiale n'a donc pas peut-être dit son dernier mot...(références :(1) Scientific Reports, 10 octobre 2016, doi : 10.1038/srep34774,(2) Science Advances, 1er mai 2015, doi : 10.1126/sciadv.1400256,(3) Scientific Reports, 28 juillet 2016, doi : 10.1038/srep29901)