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Composé naturel présent dans certains champignons hallucinogènes, la psilocybine est un psychédélique sérotoninergique dont le potentiel thérapeutique pour les troubles neuropsychiatriques demeure inexploité. De précédentes expériences de laboratoire ont montré que la psilocybine peut produire des adaptations neuronales et réduire la dépression, sachant que celle-ci, tout comme le stress chronique, est connue pour diminuer le nombre de ces connexions neuronales. Toutefois, on ignore encore comment cela fonctionne dans le cerveau d'un mammifère et combien de temps les résultats bénéfiques peuvent durer.À l'aide d'un microscope à balayage laser, des scientifiques de Yale ont imagé les épines dendritiques apicales des neurones pyramidaux de la couche 5 dans le cortex frontal médial de souris vivantes. Ces petites protubérances trouvées sur les cellules nerveuses facilitent la transmission d'informations entre les neurones. Ils ont constaté qu'une dose unique de psilocybine entraîne une augmentation d'environ 10% du nombre et de la taille des épines dendritiques les cellules pyramidales du cortex frontal. Ce remodelage structurel se produit dans les 24 heures qui suivent l'administration de psilocybine et les changements sont toujours présents un mois plus tard. La psilocybine améliore également le déficit comportemental lié au stress chez la souris et s'accompagne d'une neurotransmission excitatrice élevée.Dans l'ensemble, les résultats démontrent que le recâblage synaptique provoqué par la psilocybine dans le cortex est rapide et durable.Une telle découverte ne peut qu'encourager à appliquer la psilocybine pour traiter les troubles dépressifs sévères. Les auteurs de cette étude affichent une certaine prudence en précisant qu'il n'est pas encore possible de savoir si leur trouvaille pourra être extrapolée aux humains.(référence : Neuron, 5 juillet 2021, doi : 10.1016/j.neuron.2021.06.008)