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Pour sortir de la crise sanitaire liée au coronavirus, l'immunité collective semble être une option de moins en moins plausible. Une étude espagnole, considérée comme la plus importante de ce type sur le coronavirus en Europe, jette en effet le doute sur la faisabilité de l'immunité collective, confirmant les résultats de travaux similaires réalisés en Chine et aux États-Unis.Financée en partie par le ministère de la Santé espagnol, la nouvelle recherche porte sur 61 075 personnes testées du 27 avril au 11 mai 2020, au moment où la population était confinée.Les chercheurs constatent qu'environ 5% seulement des participants ont développé des anticorps à même de combattre la maladie, un chiffre bien loin des quelque 60% nécessaires pour déclarer une population en situation d'immunité collective. La prévalence des anticorps contre le SARS-CoV-2 était même inférieure à 3 % dans les régions côtières, mais plus élevée dans les régions d'Espagne où les épidémies sont très répanduesEncore plus inquiétant, les chercheurs ont également découvert que 14% des personnes qui ont été testées positives aux anticorps du coronavirus lors d'une première série de tests n'en ont plus deux mois plus tard. La disparition des anticorps est principalement observée chez ceux qui présentaient des symptômes très légers ou qui étaient asymptomatiques. Enfin, l'étude démontre qu'environ un tiers des participants ayant contracté le virus restent asymptomatiques."L'absence de symptômes suggère une infection légère qui ne permet jamais vraiment au système immunitaire de fonctionner suffisamment bien pour générer une mémoire immunologique," déplore le professeur de virologie Ian Jones.L'immunité collective ne pouvant pas être atteinte sans accepter des dégâts collatéraux, à savoir de nombreux décès parmi les populations à risque et la surcharge des systèmes de santé, les auteurs préconisent le maintien des mesures de distance sociale et des gestes barrières et la poursuite des efforts pour identifier et isoler les nouveaux cas et leurs contacts.(référence : The Lancet, 6 juillet 2020, doi : 10.1016/S0140-6736(20)31483-5)