Une étude de modélisation néerlandaise a cherché à savoir si le dépistage du cancer colorectal pouvait être optimisé pour les personnes présentant un risque familial. Selon les auteurs, la stratégie idéale consiste à alterner la coloscopie classique avec le test immunochimique fécal (TIF) non invasif, qui détecte le sang occulte dans les selles.
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Les progrès réalisés dans le dépistage du cancer du côlon - des tests sur des échantillons de selles ou de microbiote intestinal et sur de l'ADN acellulaire circulant dans le sang - permettent d'espérer qu'il sera possible d'éviter plus d'examens invasifs à l'avenir, en particulier chez les personnes présentant un risque familial de cancer du côlon. On estime que jusqu'à 30% de tous les cancers colorectaux (CCR) ont une composante génétique. Dans 5% des cas, il s'agit d'une prédisposition héréditaire au cancer du côlon qui se transmet de façon mendélienne, comme le syndrome de Lynch ou la polypose adénomateuse familiale (PAF). Pour les 25% restants, il existe des antécédents familiaux et donc une susceptibilité familiale, mais l'anomalie génétique exacte n'est pas (encore) connue. Chez les personnes présentant un risque accru de CCR, le dépistage est plus intensif - et plus invasif - que pour la population générale. Aux Pays-Bas, les lignes directrices actuelles pour le dépistage familial du cancer du côlon recommandent une coloscopie tous les cinq ans entre 45 et 75 ans. L'étude [1] a réexaminé cette pratique actuelle, et l'a comparée à d'autres stratégies (dépistage alternatif par coloscopie, dépistage combiné par coloscopie et TIF, dépistage uniquement par TIF [2] ). Le modèle a simulé l'incidence du CCR chez les personnes ayant des antécédents familiaux de cancer du côlon, chez qui le risque de recevoir le diagnostic elles-mêmes est deux à quatre fois supérieur à la normale [3], afin d'évaluer l'efficacité de plusieurs programmes de dépistage.La stratégie la plus optimale a été définie comme celle qui permettait d'obtenir le plus grand nombre d'années de vie ajustées en fonction de la qualité [4], qui coûtait le moins cher, qui était la moins invasive et qui n'augmentait pas l'incidence ni la mortalité liées au CCR. La simulation a révélé que la meilleure stratégie consistait à réaliser une coloscopie tous les dix ans, avec dans l'intervalle un TIF tous les deux ans, entre l'âge de 40 et 80 ans. Il s'agit de la première étude qui examine de près le dépistage combiné. Auparavant, il a déjà été démontré que le dépistage par TIF seul était insuffisant en cas de risque familial de CCR. Ces données suggèrent que les TIFs peuvent néanmoins jouer un rôle important dans la réduction du nombre de coloscopies dans les populations à haut risque. Manifestement, il faut poursuivre les recherches pour éclaircir la question. Notes : [1] van Wifferen F, et al. Combining Colonoscopy With FIT Can Improve Current Familial CRC Colonoscopy Surveillance. Gastroenterology. 2025;168(1):136-149. [2] Le test immunochimique de recherche de sang occulte dans les selles (RSOSi) est synonyme du TIF. [3] Le risque relatif dépend du nombre de parents de première ligne chez qui un cancer colorectal a été diagnostiqué, et de l'âge du diagnostic. [4] Une AVAQ représente une année de vie en bonne santé. Il s'agit d'une mesure du fardeau de la maladie, qui tient compte de la quantité et de la qualité de vie.