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Cette étude révèle qu'en 2015 quelque 85 millions de boites d'IPP ont été prescrites à près de 16 millions de personnes et il s'agissait d'une initiation de traitement dans près d'un cas sur deux (49%).En France, les principales utilisations des IPP sont le traitement du reflux gastro-oesophagien (RGO) et de l'oesophagite par RGO, l'éradication d'Helicobacter pylori en association avec des antibiotiques, le traitement des ulcères gastroduodénaux, le traitement des lésions gastroduodénales dues aux anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) et la prévention de ces mêmes lésions chez les patients à risque. Concernant les nouveaux utilisateurs, l'étude montre que dans plus de la moitié des cas (54%), la prescription visait à prévenir des lésions des AINS (initiation simultanée des deux traitements dans plus de 90% des cas). Cependant, dans 80% des cas, il n'a été retrouvé aucun des 3 facteurs de risque dûment identifiés pouvant justifier l'IPP (âge > 65 ans, antécédent d'ulcère gastrique ou duodénal, traitement par antiagrégant plaquettaire, anticoagulant ou corticoïde). Dans un tiers des cas, la cause de la prescription n'a pu être formellement identifiée, mais par divers recoupements il semble que bon nombre de ces prescriptions soient en rapport avec un RGO ou une oesophagite. Ici encore le bât blesse car seuls 8% des sujets de plus de 65 ans susceptibles d'appartenir à ce sous-groupe avaient été examinés par endoscopie (examen recommandé avant l'instauration du traitement dans cette tranche d'âge).Ces données témoignent d'une banalisation de la prescription des IPP qui est d'autant plus dommageable qu'elle expose inutilement à des risques d'effets secondaires concernant tout particulièrement les sujets âgés et les traitements prolongés. Or si la durée moyenne du traitement initial était de 41 jours pour l'ensemble des nouveaux utilisateurs, elle était de 65 jours chez les plus de 65 ans. De même, la durée de traitement était de plus de 6 mois chez 4% des nouveaux utilisateurs, mais de 10% chez les plus de 65 ans. L'ANSM conclut de façon très politiquement correcte que l'utilisation des IPP en pratique de ville "ne semble pas toujours correspondre aux recommandations".https://ansm.sante.fr/S-informer/Actualite/Pres-de-16-millions-de-personnes-ont-eu-une-prescription-d-inhibiteurs-de-la-pompe-a-protons-IPP-en-2015-en-France-Point-d-Information