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Malgré des rapports occasionnels de transmission verticale du coronavirus pendant la grossesse, la question de l'éventuelle infection placentaire et de ses conséquences pour le nouveau-né restait sans réponse. Raison pour laquelle des chercheurs l'Institut de recherche expérimentale et clinique (IREC) de l'UCLouvain et des Cliniques universitaires Saint-Luc ont mis en place un projet de recherche sur la transmission maternofoetale du SARS-CoV-2.Pour réaliser leur travail, les scientifiques belges ont analysé les placentas de 31 femmes enceintes qui, durant le troisième trimestre de leur grossesse, ont été testées positives à la Covid-19 par PCR à transcriptase inverse, immunohistochimie et hybridation in situ. Un seul cas d'infection placentaire a été détecté, malheureusement associé à la mort intra-utérine du foetus."Nous nous sommes intéressés aux cellules placentaires qui ont la particularité de se reproduire en culture et de reproduire l'interface entre la mère et le foetus," précise l'un des coauteurs de l'étude, le Dr Arthur Colson. "Nous avons ensuite exposé ces trophoblastes au virus, ce qui n'avait jamais été fait auparavant." In vitro, les cellules ont été littéralement bombardées avec de grandes quantités de virions du SARS-CoV-2, de manière bien plus intense que le corps humain ne pourrait le supporter.Les chercheurs constatent tout d'abord qu'il est extrêmement rare que le virus affecte le placenta au troisième trimestre de la grossesse (à partir de 27 semaines). "On observe que le placenta ne peut pas, techniquement, être infecté par le SARS-CoV-2 parce qu'il lui manque une moitié de la clé pour entrer dans la cellule placentaire," poursuit Arthur Colson.Rappelons que l'enzyme de conversion de l'angiotensine 2 et la protéase sérine transmembranaire 2 (TMPRSS2) sont les deux principaux récepteurs membranaires de l'hôte pour l'entrée du virus.Mais ce qui est plus intéressant encore dans cette étude, c'est qu'il y a moyen de manière expérimentale et transitoire d'obliger les cellules placentaires à fabriquer le récepteur manquant, la TMPRSS2, et malgré cela, le virus est incapable de pénétrer dans les cellules et de se répliquer.L'équipe belge en a conclu que les trophoblastes sont résistants au SARS-CoV-2 et donc que le placenta constitue bel et bien une barrière protectrice pour le foetus face au coronavirus. Une bonne nouvelle pour les mères contractant la Covid-19 mais qui ne vaut toutefois que pour celles qui sont au troisième trimestre de leur grossesse et qui ne doit, par conséquent, pas faire oublier que les femmes enceintes représentent une population à risque. "Le virus n'atteint pas le futur enfant," commente à son tour le Pr Frédéric Debiève, chef de service d'obstétrique aux Cliniques universitaires Saint-Luc. "C'est rassurant pour les femmes enceintes. Néanmoins, une femme enceinte qui a la Covid-19 est exposée à des symptômes, tels que de fortes températures, et des détresses respiratoires, qui vont également avoir des conséquences sur le bébé. Même si le virus n'atteint pas directement le bébé parce que le placenta le protège, il reste exposé aux conséquences de la maladie chez sa mère et donc des précautions doivent être prises, la vaccination étant la première d'entre elles."(référence : The American Journal of Pathology, 7 juin 2021, doi : 10.1016/j.ajpath.2021.05.009)