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Est-il possible de présenter des symptômes de Covid-19 plusieurs mois après avoir été infecté par le Sars-CoV-2 ? La question de la "covid longue" interroge toujours la communauté scientifique et médicale. Elle est au coeur de plusieurs travaux de recherche, notamment ceux menés par des chercheurs français qui ont lancé fin janvier 2020, la French Covid, une étude de cohorte qui repose sur le suivi d'un large groupe de patients ayant développé une forme clinique de la maladie qui nécessitait une hospitalisation, soit dans un service de médecine, soit en réanimation. Au 17 mars 2021, cette cohorte comportait 4 310 patients.Pour chaque participant, des données cliniques, virologiques, immunologiques, génétiques, sérologiques et transcriptomiques sont collectées afin de mieux caractériser la maladie. L'objectif ? Accumuler des connaissances sur la Covid-19, notamment sur les formes les plus graves afin d'améliorer la prise en charge dans les cas où l'hospitalisation s'impose. Dans la nouvelle étude, l'équipe observe la fréquence et la nature de symptômes persistants chez 1137 patients, évalués lors de visites de suivi à trois et six mois après l'hospitalisation. Les chercheurs ont notamment pu constater que 68% des patients sont toujours affectés par au moins un symptôme trois mois après infection, 60% six mois après et 24% par trois symptômes ou plus six mois après. Les manifestations cliniques persistantes les plus fréquemment rapportées sont de la fatigue, des douleurs musculaires, et une dyspnée. Par ailleurs, 2% ont même dû être hospitalisés à nouveau.Autre constat : plus la maladie a été sévère initialement, plus elle risque de se prolonger sur la durée. La persistance d'au moins trois symptômes six mois après l'infection est plus fréquente chez les personnes dont la maladie Covid-19 a nécessité un séjour en réanimation par rapport à ceux qui ont été hospitalisés dans un service de médecine, et chez les patients les plus symptomatiques le jour de l'admission à l'hôpital. Des différences de genre ont aussi été relevées : si les hommes sont plus à risque de faire des formes graves, les femmes semblent plus à risque de souffrir de symptômes persistants dans la durée.L'étude souligne enfin que ces formes de "covid longue" ont parfois aussi des conséquences plus larges, au niveau économique et social. Ainsi, parmi les patients qui rapportent des symptômes à six mois et qui exerçaient une activité professionnelle lorsqu'ils ont été infectés, un tiers n'est pas retourné travailler."Les mécanismes à l'origine de cette persistance des symptômes, alors que l'organisme s'est débarrassé du virus, ne sont toujours pas clairs," indique Jade Ghosn, coordinateur de la cohorte, tout en précisant que, pour mieux comprendre la physiopathologie sous-jacente à cette persistance, son équipe va poursuivre le suivi des patients inclus dans French Covid jusqu'à 18 mois après l'infection, en proposant aussi des tests évaluant les fonctions neuro-cognitives.(référence : Clinical Microbiology and Infection, 10 mai 2021, doi : 10.1016/j.cmi.2021.03.012)