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Une étude longitudinale s'est intéressée aux impacts sur le plan mental du confinement et des autres mesures de restriction prises pendant les première et deuxième vagues du virus sur un échantillon de 4890 citoyens originaires d'Espagne (1660), d'Italie (1652) et du Royaume-Uni (1578), trois pays européens critiqués pour leur gestion de la pandémie et où le confinement a eu un impact plus nocif sur les populations.Les participants ont été invités à renseigner par questionnaires, au cours des deux vagues de la pandémie, leurs niveaux d'exposition à quatre types d'impacts pendant le confinement : le travail, la santé, la santé mentale et le stress. Un second questionnaire a permis d'évaluer leur fonction cognitive, ainsi qu'une série de paramètres relatifs au risque, à la prise de décision, à l'altruisme et à la réciprocité.Les résultats montrent que les personnes les plus exposées au "choc" produit par la pandémie ont de moins bonnes performances cognitives, adoptent des comportements plus risqués en dépit du risque de contamination, ont tendance à être moins altruistes et sont plus enclines à vouloir punir les autres (réciprocité négative). Autrement dit, les mesures adoptées ont eu pour effet de faire ressurgir leurs mauvaises habitudes, de leur faire prendre de moins bonnes décisions et d'éroder leur sens civique."Leurs réactions n'étaient pas celles auxquelles nous nous attendions," a déclaré le Pr Lupiáñez. "Au lieu de redoubler de prudence en cette période de pandémie, ces personnes ont pris des risques parce qu'elles n'en pouvaient plus.""Les mesures de confinement ont également modifié les relations sociales, certaines personnes se montrant impitoyables avec celles qui ne portaient pas de masque ou qui ne respectaient pas les restrictions alors qu'elles-mêmes étaient plus susceptibles de faire des choix plus risqués."Toujours, selon le Pr Lupiáñez, des choix très difficiles ont été faits sans tenir compte du coût social qu'ils impliquaient. "Seule une perspective à court terme a été prise en compte et, maintenant, nous savons que quatre personnes sur dix risquent de souffrir de troubles mentaux en raison des mesures qui ont été adoptées. Tout cela aura des implications à moyen terme".Un autre effet identifié par les auteurs est que, sous le choc de la pandémie, les gens ont eu tendance à vouloir des bénéfices immédiats et à prendre des décisions sur le vif, dont certaines importantes, par exemple quitter la ville pour s'installer à la campagne. "On avait l'impression que le monde touchait à sa fin et que les gens préféraient en profiter aujourd'hui, immédiatement, sans penser à demain,""Il est important de tenir compte de ces aspects, afin de concevoir de meilleures réponses et campagnes de communication pour les futures pandémies," concluent les auteurs.(référence : Scientific Reports, 11 février 2021, doi : 10.1038/s41598-021-83089-0)