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Pour faire face un des effets secondaires chez les patients Covid-19 gravement atteints, à savoir la tempête inflammatoire généralisée qui engendre une chute drastique des globules blancs et par conséquent une baisse des défenses immunitaires, deux pistes sont actuellement envisagées dans le monde : soit bloquer les réactions inflammatoires, le risque étant alors de fragiliser le patient et de l'exposer à d'autres infections, soit essayer de booster ses défenses immunitaires par le biais de l'immunothérapie.Alors que de plus en plus de preuves suggèrent aussi que l'immunité de l'hôte défectueuse induite par le virus peut être la véritable cause de décès chez de nombreux patients, c'est la seconde option qui est préconisée par une équipe de l'UCLouvain et des Cliniques universitaires Saint-Luc. Les scientifiques ont ainsi administré de l'IL-7 (une dose initiale de sécurité de 3 μg/kg, suivie d'une dose de 10 μg/kg par injection intramusculaire deux fois par semaine pendant deux semaines) à 12 patients infectés et gravement malades, ayant un faible taux de lymphocytes. Puis ils ont comparé les résultats avec ceux d'un groupe témoins de 13 patients recevant les soins habituels, appariés à la gravité de la maladie, aux comorbidités et à d'autres facteurs. Les 12 patients du groupe IL-7 avaient un âge moyen de 62 ans et 11 (92%) étaient des hommes, les 13 autres avaient un âge moyen de 59 ans et 9 étaient des hommes.L'IL-7 est actuellement en cours d'évaluation dans des essais randomisés pour les troubles oncologiques et infectieux. "Cette thérapie a précédemment montré qu'elle peut restaurer le nombre de lymphocytes et l'activité fonctionnelle, entraînant à la fois une diminution de la charge virale et une amélioration clinique de plusieurs infections virales potentiellement mortelles," ont déclaré le Pr Pierre Laterre et ses co-auteurs.Aucun effet indésirable associé à l'immunothérapie n'a été observé et l'IL-7 a été bien tolérée sans induire de changements de température, de pression artérielle ou de rapport PaO2: FiO2. Par ailleurs, le traitement n'a pas exacerbé l'inflammation ou les lésions pulmonaires et, surtout, il a permis de doubler le taux de lymphocytes.Précisant qu'une étude américaine a permis de confirmer l'efficacité des lymphocytes stimulés qui sont capables de retrouver leur fonction immunitaire, les chercheurs belges ont encore ajouté qu'une autre étude clinique, en cours en Angleterre, cette fois sur plusieurs centaines de patients, devrait permettre de vérifier l'impact de l'immunothérapie sur la guérison des malades et sur la diminution de la sévérité de la Covid-19.(référence : Jama Network Open, 22 juillet 2020, doi : 10.1001/jamanetworkopen.2020.16485)