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Soucieux de comprendre pourquoi la réponse individuelle à l'infection par le SARS-CoV-2 varie autant d'une personne à l'autre, les symptômes allant de légers à mortels, des scientifiques ont mis en place, dès le début de pandémie, un consortium international (COVID human genetic effort) ayant pour but d'identifier les facteurs génétiques et immunologiques pouvant expliquer la survenue de formes graves de la maladie.En ciblant leurs recherches sur la voie des interférons (IFN) de type I, qui sont de puissantes molécules antivirales, les chercheurs ont trouvé deux nouveaux facteurs de risque. Dans la première étude, ils ont mis en évidence des variants génétiques rares qui diminuent la production des interférons (IFN) de type I et expliqueraient au moins 3,5% des formes graves de la maladie chez des patients âgés de 17 à 77 ans. Ces mutations ont été détectées au niveau de 13 gènes déjà connus pour régir la réponse immunitaire contrôlée par les IFN de type I contre le virus grippal. "Quel que soit leur âge, les personnes porteuses de ces mutations sont plus à risque de développer une forme potentiellement mortelle de grippe et/ou de Covid-19," indiquent les auteurs.Dans la deuxième publication, les chercheurs montrent chez plus de 10% des patients atteints de formes graves de Covid-19 (101 sur 987) la présence à un taux élevé dans le sang d'auto-anticorps dirigés contre les IFN de type I et capables de bloquer l'action de ces molécules antivirales contre le virus SARS-CoV2. Ces patients, dès le début de la maladie et avant même leur infection, ont développé une maladie auto-immune qui bloque l'action des INF de type 1. La production de ces auto-anticorps ne se retrouve pas chez les patients qui développent une forme bénigne de la maladie et serait rare dans la population générale (4 personnes sur 1 227 en bonne santé, prévalence de 0,33%, soit 15 fois moins que chez les patients atteints de formes sévères). Elle pourrait être due à d'autres altérations génétiques qui sont en cours d'étude.Par ailleurs, sur les 101 patients présentant ces auto-anticorps, 95 étaient des hommes. Cette proportion est supérieure à celle observée chez les patients atteints de formes sévères sans anticorps neutralisants. Par ailleurs 49,5% des patients testés positif pour ces auto-anticorps avaient plus de 65 ans, contre 38% dans le reste de la cohorte, ce qui laisse également supposer que la fréquence de ces anticorps augmente avec l'âge.L'ensemble de ces découvertes expliquerait 15% des formes graves de Covid-19. "Qu'il s'agisse de variants génétiques qui diminuent la production d'INF de type I pendant l'infection ou d'anticorps qui les neutralisent, ces déficits précèdent l'infection par le virus et expliquent la maladie grave. Nous mettons donc en évidence le rôle crucial des INF de type I dans la réponse immunitaire contre le SARS-CoV-2," concluent les Prs Casanova et Abel.Les résultats de ces travaux pourraient permettre de détecter les personnes à risque de développer une forme grave de la Covid-19, soit par examen du génome, soit par recherche d'anticorps dans le sang, et de leur offrir de nouvelles voies thérapeutiques en leur administrant la molécule défaillante ou bien en empêchant la production des anticorps qui la détruisent.(références : Science, 24 septembre 2020, doi : 10.1126/science.abd4570, et doi : 10.1126/science.abd4585)