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Il faut dire que le communiqué de presse à l'origine de cette couverture médiatique n'y allait pas de main morte, parlant d'emblée d'avancée médicale majeure, surfant sur l'engouement pour l'impression 3D et prophétisant une utilisation quasi routinière endéans les 10 ans. Sauf que comme pour les contrats d'assurance, il faut s'astreindre à tout bien lire car il est bien connu que le diable se cache dans les détails.Ce qu'ont réussi à faire les scientifiques et qui est le véritable exploit c'est, à partir de tissu adipeux d'un patient, d'une part reprogrammer les cellules adipeuses en cellules souches pluripotentes et d'autre part utiliser la matrice extracellulaire pour fabriquer une sorte d'hydrogel servant de matériel de survie des cellules souches pluripotentes. Ces dernières ont alors été différenciées en cellules cardiaques et cellules endothéliales, ce qui a permis la création de portions de myocarde et d'endocarde qui, une fois assemblées, peuvent reconstituer un coeur. A ce stade, le coeur reconstitué est anatomiquement conforme mais de petite taille (taille d'un coeur de lapin), mais aux dires des investigateurs la même technologie pourra reconstituer des coeurs de taille humaine.Le grand hic est que si les cellules assemblées forment bien un coeur anatomique et que les cellules sont bien contractiles, elles ne se contractent pas de façon coordonnée, ce qui est la base de la fonction de pompe que doit assurer le coeur. Le communiqué de presse dit pudiquement que les investigateurs espèrent parvenir à leur apprendre à se comporter comme des coeurs de façon à pouvoir procéder à des transplantations sur des modèles animaux. L'article est disponible en accès libre et gratuit et montre clairement que cette équipe a apporté la preuve d'un concept. Le reste est à ce jour pure fiction. N Noor et al. Advanced Science. 2019 Apr 15. [Epub ahead of print].