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Cette situation déjà peu glorieuse devrait encore se détériorer avec la récente mise à jour des directives en matière de prescription des statines, l'augmentation des patients éligibles s'accompagnant logiquement d'un plus grand nombre de patients susceptibles de présenter des manifestations musculaires.C'est dans ce contexte que se situe le travail d'une équipe américaine dont l'objectif était d'évaluer, via les dires des patients, la façon dont les médecins géraient les problèmes (nouveaux ou récidivants) de tolérance musculaire aux statines. Les données émanent d'une enquête auto-administrée disponible sur internet et concernent 10.318 sujets adultes ayant des antécédents d'hypercholestérolémie et d'utilisation de statines. Sur l'ensemble de la population, 1.120 étaient d'anciens utilisateurs de statines et 8.918 des utilisateurs actuels. Parmi les anciens utilisateurs de statines, 60% ont rapporté des problèmes musculaires versus 25% des utilisateurs actuels (p<0,01). Les problèmes musculaires ont engendré plus fréquemment des arrêts chez les anciens utilisateurs que chez les utilisateurs actuels (moyenne 2,2 ± 1,7 versus 1,6 ± 1,5 ; p <0,0001). Les recommandations des médecins faites aux patients avec des problèmes musculaires étaient par ordre décroissant de fréquence le passage à d'autres statines (33,8%), l'arrêt de toute statine (15,9%), la poursuite de la statine avec surveillance des symptômes musculaires (12,2%), la réduction de la dose de statine (9,8%), la réalisation d'un test sanguin à la recherche de stigmates de lésions musculaires (9,2%). Parmi les autres conseils figurent la prise de vitamine D (7,0%) ou de coenzyme Q10 (5,8%), le passage à un traitement sans statine (6,1%) ou la prise de levure de riz rouge (2,6%).Cette analyse met en évidence l'importance des symptômes musculaires associés aux statines ainsi que les attitudes les plus courantes des médecins et souligne la nécessité de plus de recherche afin de formuler des approches centrées sur le patient et basées sur des preuves. Si cet effort n'est pas accompli, on verra de plus en plus de patients arrêter leur traitement et perdre ainsi la protection cardiovasculaire dont ils ont besoin.TA Jacobson et al. J Clin Lipidol. 2017 Oct 12. [Epub ahead of print]