L'étude SURPASS-6 (1) a montré que l'ajout de tirzépatide à l'insuline basale glargine U100 chez des diabétiques de type 2 non diagnostiqués récemment, et à la glycémie mal contrôlée, a considérablement amélioré les taux d'HbA1c, en comparaison avec l'ajout d'insuline lispro 3x/j.
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Dans le groupe tirzépatide, la dose quotidienne totale d'insuline est passée de 46 UI/j à 13UI/j à la semaine 52, cette dose étant passée de 42 à 104 UI/j dans l'autre groupe. 19% des participants traités par 15 mg/j de tirzépatide pouvaient même se passer d'insuline après un an. Les résultats étaient également positifs pour le poids corporel, montrant une perte médiane de 10 kg avec le tirzépatide contre une augmentation de 4 kg avec l'insuline lispro. Une sous-analyse de cette étude visait à vérifier, à la semaine 52, le degré d'allègement de l'insulinothérapie chez les participants ainsi que l'efficacité et la sécurité du tirzépatide en fonction de l'insulinothérapie résiduelle. Cette sous-analyse a été présentée par un de ses auteurs, le Pr Julio Rosenstock (Université du Texas, à Dallas), lors d'une session du congrès 2024 de l'EASD intitulée "More combo's, less insulin" ! (2). A la semaine 52 de l'étude, le terme "régresseur d'insuline" était défini comme un arrêt de l'insulinothérapie basale ou son administration à une dose inférieure à 10 UI/j, celui de "non-régresseur d'insuline" correspondant à une dose supérieure ou égale à 10 UI/j. La sous-analyse n'incluait que les participants recevant du tirzépatide à la semaine 52 (avec une observance ≥75 %), sans recours à une médication de secours. Au total, 145 des participants traités par tirzépatide (soit environ un quart d'entre eux) faisaient partie du groupe des régresseurs d'insuline, contre 496 dans le groupe des non-régresseurs. À l'inclusion, l'âge moyen était pratiquement identique dans les deux groupes (58,4 ans versus 58,2), avec une dose médiane d'insuline basale s'élevant à respectivement 40,0 UI/jour et 48,0 UI/jour. Entre l'inclusion et la semaine 52, le taux moyen d'HbA1c est passé de respectivement 8,5 % (69,4 mmol/mol) et 8,9 % (73,8 mmol/mol) à 5,9 % (41,0 mmol/mol) et 6,7 % (49,7 mmol/mol) dans les groupes des régresseurs d'insuline et des non-régresseurs, tandis que le poids corporel avait considérablement baissé : de moins 16,1 kg dans le groupe des régresseurs, et de moins 7,7 kg pour les non-régresseurs. Le niveau de sécurité était également plus élevé dans le groupe des régresseurs, en ce sens qu'ils présentaient moins fréquemment des épisodes hypoglycémiques cliniquement significatifs : la fréquence calculée par participant était de 0,15 épisode par an en moyenne dans ce groupe, versus 0,49 dans l'autre. En corollaire, aucun cas d'hypoglycémie sévère (niveau 3) n'a été observé dans le groupe des régresseurs. Les auteurs de cette sous-analyse concluent que près d'un quart des participants traités par tirzépatide ont pu alléger très substantiellement voire arrêter leur insulinothérapie, tout en se retrouvant en (quasi-)normoglycémie sans risque d'hypoglycémie majeure et avec une perte de poids substantielle. Références :1. Rosenstock J et al. Tirzepatide vs Insulin Lispro Added to Basal Insulin in Type 2 Diabetes: The SURPASS-6 Randomized Clinical Trial. JAMA. 2023 Nov 7;330(17):1631-1640. doi: 10.1001/jama.2023.20294 2. Patel H et al. Near-normoglycaemia and insulin regression induced by tirzepatide in basal insulin treated type 2 diabetes