L'apparition d'un médicament tel le liraglutide, un agoniste du GLP-1 qui a fait ses preuves chez l'adulte et l'adolescent, pourrait aussi changer la donne dans la prise en charge des jeunes enfants obèses, d'après une étude présentée au congrès 2024 de l'EASD.
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À ce jour, les enfants obèses et âgés de moins de 12 ans ne disposent d'aucune option pharmacologique autorisée et réellement efficace pour perdre du poids. Il leur est donc seulement recommandé de manger plus sainement et de bouger plus, avec des résultats globalement limités. L'apparition d'un médicament tel le liraglutide, un agoniste du GLP-1 qui a fait ses preuves chez l'adulte et l'adolescent, pourrait changer la donne, d'après une étude présentée au congrès 2024 de l'EASD et qui a fait l'objet d'un article publié simultanément dans le NEJM. Appelée SCALE Kids, cette étude de phase 3 était la première à examiner la sécurité et l'efficacité du liraglutide dans une population comprenant des enfants âgés de 6 ans. L'enjeu est de taille, d'après l'auteure principale, la Pre Claudia Fox (Université du Minnesota) : " Si elle n'est pas traitée, l'obésité pendant l'enfance persiste presque toujours à l'âge adulte et est associée à une mauvaise santé - notamment le diabète et les maladies cardiovasculaires - et, dans certains cas, à un décès prématuré. Il est donc crucial d'intervenir tôt." L'étude incluait 82 enfants (53,7% de garçons) âgés entre 6 et 11 ans maximum (moyenne au début de l'étude : 10 ans), l'IMC moyen était de 31,0 kg/m² et le poids corporel moyen de 70,2 kg. 54,9 % des enfants présentaient au moins une complication liée à l'obésité, telle une insulinorésistance ou une puberté précoce. Pendant un peu plus d'un an, outre des conseils personnalisés à chaque consultation, 56 enfants ont reçu une injection quotidienne de liraglutide (3 mg ou dose maximale tolérée), tandis que les 26 autres recevaient une injection placebo. À la fin de la période de traitement, le changement moyen de poids corporel était de + 1,6% dans le groupe liraglutide et de + 10% dans le groupe placebo, soit une différence de 8,4%. La prise de poids étant classique chez un enfant en croissance, les chiffres du changement moyen de l'IMC sont plus informatifs : - 5,8% dans le groupe liraglutide et + 1,6% dans le groupe placebo, soit une différence de 7,4%. "Il n'existe pas de consensus sur la définition d'une réduction cliniquement significative de l'IMC chez l'enfant, mais une réduction de 5% a déjà été associée à une amélioration de certaines conditions de santé liées à l'obésité", précise Claudia Fox. Par ailleurs, "la PA diastolique et le taux d'HbA1c se sont améliorés davantage dans le groupe liraglutide que dans le groupe placebo."Les effets indésirables concernaient principalement la sphère gastro-intestinale (nausées, vomissements, diarrhée), survenant chez 80,4% des enfants du groupe liraglutide et chez 53,8% des enfants du groupe placebo. À noter, enfin, qu'aucune nouvelle inquiétude en matière de sécurité n'a été soulevée, et que l'IMC et le poids corporel ont réaugmenté dans les deux groupes après l'étude.ww.nejm.org/doi/full/10.1056/NEJMoa2407379