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Au cours des dernières décennies, la consommation d'aliments ultra-transformés, c'est-à-dire des aliments qui ont subi des procédés industriels de transformation (hydrogénation, hydrolyse, extrusion...) et qui contiennent de nombreux ingrédients, notamment des additifs, a augmenté dans la plupart des pays occidentaux. Or, certaines recherches ont déjà montré un lien entre la consommation de ces produits (plats préparés, snacks, sodas, sauces en conserve, soupes en poudre...) et l'incidence des dyslipidémies de l'enfant, et un risque supérieur de surpoids, d'obésité et d'hypertension artérielle. L'étude prospective NutriNet Santé menée en France depuis 2009 a aussi alerté sur un risque supérieur de cancer et particulièrement de cancer du sein chez les plus grands consommateurs de ces aliments, qui sont généralement plus riches en sucres ajoutés, graisses saturées, et sel, et pauvres en fibres et vitamines. Le dossier à charge s'alourdit encore, avec la publication de nouveaux résultats de NutriNet Santé qui, à la longue liste des risques liés à la consommation de produits ultra-transformés, ajoutent le risque de maladies cardiovasculaires.Les chercheurs se sont penchés sur la consommation alimentaire de quelque 105 159 personnes, âgées d'au moins 18 ans, en majorité des femmes, incorporées dans l'étude entre 2009 et 2018 et avec un suivi médian de 5,2 ans. Leur consommation alimentaire habituelle a été évaluée à l'entrée de l'étude, grâce à des enregistrements de 24 heures (six en moyenne par participant), portant sur 3 300 aliments et boissons. Ceux-ci ont été classés selon les quatre groupes de la classification Nova reconnue par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), en fonction du degré de transformation industrielle : aliments peu ou pas transformés, ingrédients culinaires, aliments transformés, et aliments ultra-transformés.Dans cette large cohorte, la consommation d'aliments ultra-transformés s'est révélée être associée à un risque plus élevé de maladies cardiovasculaires (1 409 cas) dont 665 cas de maladies coronariennes et 829 cas de pathologies cérébro-vasculaires. Par ailleurs, les auteurs constatent qu'une augmentation de 10 points du pourcentage d'aliments ultra-transformés consommés dans la nourriture est associée à une hausse de 12% du risque cardio-vasculaire total (13% pour les maladies coronariennes et 11% pour les maladies cérébro-vasculaires). Ces résultats restent significatifs en tenant compte des autres caractéristiques des participants ainsi qu'après ajustement pour plusieurs marqueurs de la qualité nutritionnelle de l'alimentation.Pour couronner le tout, une équipe espagnole publie au même moment les résultats d'une étude prospective menée sur 19 899 diplômés universitaires espagnols (dont 12 113 femmes) âgés de 20 à 91 ans. Elle montre qu'une forte consommation d'aliments ultra-transformés (plus de quatre plats par jour) est associée à un risque accru de mortalité toutes causes confondues de 62% comparativement à une consommation moindre (moins de deux portions par jour). Chaque plat supplémentaire augmente le risque de 18%. Là aussi, les aliments ont été regroupés selon le degré de transformation et les décès ont été dénombrés sur une moyenne de 10 ans. Même si ces deux études observationnelles ne permettent pas de démontrer un lien direct de cause à effet, leurs auteurs assurent que des politiques qui limitent la proportion d'aliments ultra-transformés dans le régime alimentaire et encouragent la consommation d'aliments non transformés ou peu transformés sont nécessaires pour améliorer la santé publique mondiale.(références : British Medical Journal, 29 mai 2019, doi : 10.1136/bmj.l1451, et 10.1136/bmj.l1949)https://www.bmj.com/content/365/bmj.l1451https://www.bmj.com/content/365/bmj.l1949