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Récemment, j'ai écrit un article pour Prevent, suite à une recherche française récente. Cette étude de cohorte portant sur environ 150.000 personnes a permis d'établir un lien entre les heures supplémentaires et les AVC. Les personnes qui ont travaillé plus de dix heures par jour, au moins 50 jours par année, ont un risque d'AVC 29 % plus élevé. Et pour les employés qui maintiennent ce taux pendant dix ans ou plus, le risque d'AVC augmente d'environ 45 %.Ce n'est certainement pas la première étude à établir une corrélation entre les heures supplémentaires et l'AVC. À l'avènement de la révolution industrielle dans l'Europe du XIXe siècle, il y avait déjà beaucoup de travailleurs qui travaillaient si intensément qu'ils sont littéralement tombés raide mort. La première description d'un accident vasculaire cérébral lié au travail dans un article scientifique date de 1969, avec le décès soudain d'un employé de 29 ans dans le service des expéditions de la plus grande entreprise de presse du Japon. Ce phénomène est maintenant connu au Japon sous le nom de "karoshi", littéralement traduit par "mort par heures supplémentaires". Des termes similaires existent en Chine ("guolaosi") et en Corée du Sud ("gwarosa").Le "karoshi" est maintenant également reconnu comme une maladie professionnelle au Japon. Un rapport du ministère japonais de la Santé, du Travail et de la Protection sociale indique qu'entre mars 2014 et mars 2015, le tribunal a considéré Karoshi comme la cause du décès de 1.456 personnes. Ces chiffres relativement élevés sur une population de 130 millions d'habitants sont attribués à l'éthique de travail japonaise. Au Japon, près d'un quart des employeurs exigent que leurs employés fassent plus de 80 heures supplémentaires par mois. 8-9% des travailleurs japonais travaillent plus de 12 heures par jour.Nous devons garder à l'esprit le risque cardiovasculaire accru pour les travailleurs qui travaillent de longues heures."9-9-6"Et plus tôt cette année, Jack Ma, le charismatique fondateur d'Alibaba (l'Amazon chinoise pour ainsi dire) a été critiqué pour recommander la culture de travail "996" : travailler de 9 h à 21 h, six jours par semaine.Nous devons garder à l'esprit le risque cardiovasculaire accru pour les employés qui travaillent de longues heures. L'action la plus efficace pour ce risque spécifique est, bien entendu, une approche à la source : limiter le nombre d'heures supplémentaires. Mais ce n'est pas si facile à mettre en oeuvre. La réalité économique prévaut souvent.Les heures supplémentaires augmentent un risque préexistant d'AVC. Une approche préventive des facteurs de causalité des accidents vasculaires cérébraux est donc rentable. Il faut promouvoir de bonnes habitudes de vie : arrêter de fumer, limiter la consommation d'alcool, faire de l'exercice de plus en plus souvent, perdre du poids par une alimentation saine et un sommeil régulier.Il peut également être utile d'effectuer régulièrement un bilan sanguin afin de déceler à un stade précoce un risque accru de maladie cardiovasculaire et, si nécessaire, d'ajuster le traitement.Du pain sur la planche pour les médecins ! Mais prenez-y vous à temps...