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Toutes les recommandations s'accordent pour dire qu'un traitement anticoagulant par voie orale permet de réduire le risque de mortalité chez les patients qui présentent une fibrillation auriculaire. Les taux de décès chez ce type de patients restent cependant élevés et l'analyse des causes de décès chez les patients qui bénéficient d'un tel traitement constitue, dès lors, un exercice particulièrement intéressant dans l'optique d'une optimalisation ultérieure des stratégies permettant de prévenir la mortalité dans ce groupe de la population.Quatre études cliniques randomisées comparativesL'analyse, décrite ici, a été menée par des équipes espagnoles et portait sur un total de 71683 patients présentant une fibrillation auriculaire, inclus dans 4 études randomisées, comparant les nouveaux anticoagulants oraux à la warfarine, dans le cadre d'un traitement destiné à prévenir les accidents cérébrovasculaires d'origine ischémique ou les problèmes thromboemboliques périphériques. Les principaux critères d'évaluation analysés étaient la mortalité et, indépendamment, les causes spécifiques de décès. Les quatre études analysées :Peu d'événements thromboemboliquesParmi les patients inclus, 6206 décès ont été dénombrés, soit 9% des patients, portant le taux de mortalité ajusté annuel à 4.72%. Les décès étaient d'origine cardiaque dans 46% des cas, les décès non liés à des problèmes thromboemboliques correspondaient à 5.7% du total des décès et les décès d'origine hémorragique représentaient 5.6% de la mortalité totale (tableau 1). Par rapport aux patients toujours en vie, les patients décédés présentaient plus fréquemment des antécédents d'insuffisance cardiaque (OR=1.75), une FA persistante ou permanente (OR=1.38) ou un diabète (OR=1.37). Il s'agissait, par ailleurs, plus fréquemment de patients de sexe masculin (OR= 1.24), de patients plus âgés (différence moyenne de 3,2 ans) et de patients qui présentaient une clairance de créatinine plus faible. Figure 1Causes de décès et comparaison NOAC's-warfarineAvantage aux NOAC'sUne réduction faible, mais significative, de la mortalité toutes causes confondues était observée chez les patients traités avec les nouveaux anticoagulants oraux par rapport à ceux traités par warfarine (différence de 0.42% par an), essentiellement liée à la réduction des hémorragies fatales.En brefLes auteurs concluent que dans cette analyse d'études cliniques randomisées récentes, portant sur des patients avec une fibrillation auriculaire traités par des anticoagulants, les données récoltées montrent que la plupart des décès étaient d'origine cardiaque. L'action préventive est efficace, puisque les problèmes thromboemboliques constituent une minorité des causes de décès. C'est également le cas pour les problèmes hémorragiques, où on observe toutefois un avantage, léger mais significatif, en faveur des nouveaux anticoagulants oraux. Selon les chercheurs ibériques, l'optimalisation des taux de mortalité chez ce type de patients passe essentiellement par d'autres interventions supplémentaires à l'anticoagulation, portant sur les autres comorbidités et facteurs de risque présents. Gomez-Outes A et al. 'Causes of Death in Anticoagulated Patients With Atrial Fibrillation' J Am Coll Cardiol. 2016; 68(23): 2508-2521.