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Il y a une véritable quête depuis des années pour arriver à mesurer le taux de sucre dans le sang et obtenir l'information sur la nécessité ou non d'effectuer une injection d'insuline, sans devoir recourir aux très fréquentes piqûres au bout du doigt pour en faire perler un peu de sang.Une des principales idées novatrices en la matière, c'est la lentille de contact avec un capteur intégré qui serait capable de mesurer le taux de glucose à partir des larmes. Un tel projet a déjà été envisagé en 2014 par la société Novartis qui s'était associée à Google pour l'occasion. Mais après avoir annoncé être en retard sur leurs recherches en 2016, plus aucune communication sur l'avancée du projet n'a été faite par ces deux sociétés.L'an dernier, l'entreprise américaine Abbott a mis sur le marché européen un kit qui permet de calculer continuellement le taux de glycémie à l'aide d'un capteur "patché" sur le bras. Malheureusement, le kit ne convient pas à tous les diabétiques. Du coup, la lentille de contact intelligente revient sur le devant de la scène avec coup sur coup deux annonces récentes. La première émane d'une équipe coréenne qui a présenté une lentille de contact légère et intelligente, munie d'un biocapteur de glucose capable de mesurer la glycémie à partir des sécrétions lacrymales. (1) Ce biocapteur est installé sur un substrat élastique et transparent et une minuscule LED, coulée dans le substrat, indique quand le seuil d'hyperglycémie est dépassé, en s'éteignant. Pour limiter le risque de surchauffe, et donc de brûlure à l'oeil, un système de communication sans fil entre la LED et le capteur de glucose a été mis en place sur le prototype. L'équipe envisage toutefois de remplacer ce système de LED par une application smartphone. L'autre annonce a été faite par des scientifiques californiens. Ils ont rapporté le développement d'un biocapteur ultra-mince et flexible qui pourrait être incorporé dans des lentilles de contact ou au dos d'une montre et permettre aux patients un suivi des niveaux de glucose en temps réel. (2)Les auteurs ont utilisé des nanorubans d'oxyde d'indium, une enzyme, l'oxydase de glucose, un film de chitosane naturel et des nanotubes de carbone à paroi simple. Le glucose des larmes ou de la salive interagit avec l'enzyme, ce qui déclenche une courte chaîne de réactions et crée finalement un signal électrique. Les tests ont montré que le dispositif est capable de détecter une gamme de concentrations de glucose de 10 nanomolaires à 1 millimolaire et est donc suffisamment sensible pour couvrir les niveaux de glucose typiques dans la sueur, la salive et les larmes chez les personnes avec et sans diabète. Et plier le dispositif une centaine de fois ne semble pas affecter ses performances.Pour l'instant, ces tests n'ont été effectués qu'en laboratoire. Mais s'ils sont validés sur de vrais patients, cela pourrait vraiment changer la vie des diabétiques. Et, au-delà du suivi des niveaux de glucose, le capteur pourrait également être utilisé pour la surveillance de différentes substances toxiques dans les secteurs de l'alimentation et de l'environnement.(références : (1) Science Advances, 24 janvier 2018, DOI : 10.1126/sciadv.aap9841,(2) ACS Nano, 17 janvier 2018, DOI : 10.1021/acsnano.7b06823)