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Les chercheurs ont réalisé une étude observationnelle transversale, afin de déterminer si, lors de l'admission à l'hôpital, la carence en sélénium et/ou en zinc, deux oligo-éléments essentiels au bon fonctionnement du système immunitaire, à la signalisation cellulaire et à la défense antivirale, est corrélée à la gravité de la maladie et au risque de mortalité chez les patients Covid-19, avec ou sans comorbidités. Les concentrations en zinc et en sélénium ainsi que d'autres biomarqueurs ont été déterminés dans le sérum ou le plasma de 138 patients Covid-19 admis en 2020 à l'UZ Gand et l'AZ Jan Palfijn."Nous savions, grâce à de précédentes études, que les personnes ayant des carences en certains nutriments tombaient beaucoup plus gravement malades avec certaines infections virales," explique le Pr. Gijs Du Laing. "Nous voulions savoir s'il en était de même pour le Covid-19."Les chercheurs constatent qu'un statut en sélénium et/ou en zinc insuffisant à l'admission à l'hôpital est associé à un taux de mortalité plus élevé et à une évolution plus sévère de la maladie dans l'ensemble du groupe, en particulier dans la population âgée."Parmi les patients décédés, 7 sur 10 sont gravement carencés à la fois en sélénium et en zinc," souligne le Pr. Gijs Du Laing. "Par contre, ceux qui n'ont pas cette déficience ou chez qui elle est moins prononcée ont survécu plus souvent à la maladie et ont guéri plus rapidement. Ils sont clairement moins gravement malades".Comparativement aux Européens en bonne santé, les patients présentent des concentrations en sélénium total (59,2 contre 84,4 µg L-1) et en sélénoprotéine P (2,2 contre 4,3 mg L-1) beaucoup plus faibles à l'admission à l'hôpital.En outre, des associations particulièrement fortes ont été observées pour le risque de décès chez les patients atteints de cancer, de diabète et de maladies cardiaques chroniques avec une carence en sélénium, et chez les patients diabétiques et obèses ayant une carence en zinc.Un biomarqueur composite basé sur les taux de sélénium, de sélénoprotéine P et de zinc sériques ou plasmatiques à l'admission à l'hôpital s'est avéré être un outil fiable pour prédire l'évolution sévère de la Covid-19 et le décès, ou l'évolution légère de la maladie.Les auteurs considèrent que l'évaluation des oligo-éléments à l'admission à l'hôpital peut contribuer à une meilleure stratification des patients atteints de Covid-19 et d'autres maladies infectieuses similaires, soutenir les soins cliniques, les interventions thérapeutiques et les besoins de supplémentation adjuvante, et peut s'avérer particulièrement pertinent pour les patients présentant des comorbidités conséquentes.Enfin, pour le Pr Du Laing, une supplémentation n'est pas nécessaire pour les personnes en bonne santé avec un système immunitaire normal. En effet, le zinc et le sélénium se trouvant, naturellement dans la viande et le poisson, il suffit souvent d'avoir une alimentation équilibrée. (référence : Nutrients, 22 septembre 2021, doi : 10.3390/nu13103304)