Chez les patients présentant un risque cardiovasculaire élevé, l'addition d'un traitement complémentaire, comme un inhibiteur de la PCSK9, à la dose maximale tolérée de statine peut s'accompagner d'un rapport coût bénéfice très intéressant. C'est ce qui ressort d'une analyse publiée le mois dernier dans JACC, le Journal de l'American College of Cardiology.
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Dans cette étude, des chercheurs ont réalisé des revues systématiques des analyses de sous-groupes de patients traités avec des statines, inclus dans des études cliniques randomisées et dans des études d'observation, pour déterminer le risque absolu estimé, à dix ans, de maladie cardiovasculaire d'origine athéroscléreuse et pour définir les patients à haut - et à très haut - risque cardiovasculaire. Sur base des réductions du risque liées à l'addition d'un hypolipémiant, autre qu'une statine, pour abaisser les taux sériques de LDL-cholestérol, ils ont également déterminé le nombre de patients à traiter (NNT ou Number Needed to Treat) pour prévenir une complication cardiovasculaire d'origine athéromateuse (CCVA) sur une durée de suivi de 5 ans dans chaque groupe de patients, pour permettre la réalisation de comparaisons avec les coûts des traitements pendant 5 ans. Les autres hypolipémiants à la rescousseLes résultats de l'analyse montrent que, le risque à 10 ans de présenter une maladie cardiovasculaire d'origine athéroscléreuse est d'au moins 30% (risque très élevé) chez les patients traités par des statines qui avaient une maladie cardiovasculaire d'origine athéroscléreuse associée à des comorbidités et de 20 à 29% chez les patients présentant une telle atteinte sans comorbidités ou chez ceux qui présentent une hypercholestérolémie familiale hétérozygote. D'après les calculs ainsi réalisés, l'association d'ezetimibe pour abaisser les taux de LDL-cholestérol de 20% donnerait lieu à 5 ans, à un NNT ≤ 50, chez les patients à très haut risque avec un LDL-cholestérol ≥130 mg/dl ou chez les patients à haut risque avec un LDL-cholestérol ≥190 mg/dl. Le NNT serait ≤ 30 chez les patients à très haut risque avec un LDL-cholestérol ≥160 mg/dl. L'association d'un anticorps monoclonal inhibant le PCSK9, pour abaisser les taux de LDL-cholestérol d'au moins 50%, s'accompagnerait d'un NNT ≤ 50, chez les patients à haut ou très haut risque avec un LDL-cholestérol ≥70 mg/dl, ainsi que d'un NNT≤ 30, chez les patients à haut ou très haut risque avec un LDL-cholestérol ≥130 mg/dl.Figure 1Nombre de patients à traiter (NNT) pour prévenir une complication CCVA à 5 ansUn rapport coût/bénéfices favorablePour les auteurs américains, l'association d'un traitement hypolipémiant complémentaire peut, sur base des critères de QALY utilisés pour cette étude, s'avérer positif sur le plan coût/efficacité. Il est, sans doute, a priori assez difficile d'extrapoler ces observations vers les autres régions du globe et, en particulier, vers la situation européenne, mais le calcul mérite certainement d'être réalisé dans chaque cas particulier.Robinson J et al. 'Determining When to Add Nonstatin Therapy. A Quantitative Approach'. J Am Coll Cardiol 2016; 68(22):2412-2421