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Malgré l'accumulation d'articles scientifiques sur l'aspirine et le cancer, il subsiste un doute quant à savoir si l'aspirine est un traitement d'appoint acceptable et efficace contre le cancer. Les résultats de plusieurs essais randomisés sont attendus, et ceux-ci devraient apporter des preuves claires sur trois cancers courants : le côlon, le sein et la prostate. Les effets biologiques de l'aspirine semblent toutefois être pertinents pour le cancer en général et pour la propagation métastatique, plutôt que pour un seul ou quelques cancers, et il existe déjà de nombreuses preuves, principalement issues d'études observationnelles, sur l'association entre l'aspirine et la survie dans un large éventail de cancers.Ici, il s'agit d'une méta-analyse d'envergure. Les chercheurs de l'université de Cardiff ont en effet examiné 118 études observationnelles publiées portant sur la prise d'aspirine, dont 81 font état de la mortalité due au cancer et 63 font état de la mortalité toutes causes confondues. Elles portent sur un total de 250 000 patients atteints de 18 cancers différents qui ont déclaré prendre de l'aspirine, et qui représentent entre 20 et 25% de la cohorte totale.Les résultats suggèrent que la prise d'aspirine, dans le cadre thérapeutique, pourrait aider à réduire le risque de décès par cancer de 20% chez ces patients-là, comparativement à ceux qui ne prennent pas le médicament, avec des réductions similaires de la mortalité toutes causes confondues, et une diminution de la propagation métastasique.L'aspirine étant un fluidifiant du sang, l'un des effets secondaires de son utilisation quotidienne est l'augmentation du risque d'hémorragie interne. Les scientifiques ont donc également pris en compte les risques de la prise d'aspirine et ont écrit à tous les auteurs des articles étudiés afin de leur demander quels sont les effets secondaires subis par les malades sous aspirine. Comme prévu, la fréquence des hémorragies a augmenté chez les patients prenant de l'aspirine, mais les hémorragies mortelles sont rares et aucun auteur n'a signalé un excès significatif d'hémorragies associés à l'aspirine. Aucun n'a mentionné d'hémorragie cérébrale chez les patients qu'il a suivis. Selon le Pr Peter Elwood, auteur principal de la méta-analyse, qui étudie les effets de l'aspirine depuis près de 50 ans, cet analgésique semble donc mériter une considération sérieuse en tant que traitement complémentaire du cancer et les patients atteints de cancer et leurs soignants ont le droit d'être informés des preuves disponibles quant à l'efficacité de l'aspirine dans le cadre de leur traitement anti-cancéreux.(référence : ecancermedicalscience, 2 juillet 2021, doi : 10.3332/ecancer.2021.1258)