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De nombreux facteurs de risque de décès prématuré (avant 70 ans) ont été identifiés. Les fausse-couches spontanées (FCS), qui surviennent en moyenne à travers le monde au cours de 12% à 25% des grossesses diagnostiquées, seraient l'un d'eux. Pour confirmer le lien, une équipe étatsunienne a examiné les données de la Nurses'Health Study II (1993-2017), qui a inclus des femmes américaines en âge de procréer au début de l'étude (25-42 ans), ayant été enceintes au moins une fois dans leur vie.Les chercheurs ont constaté que parmi les 101 681 infirmières observées au fil du temps, 25,6% (26 102) ont eu au moins une grossesse se terminant par une fausse couche. Au cours des 24 années de suivi, 2 936 décès prématurés ont été enregistrés, dont 1 346 décès par cancer et 269 par maladie cardiovasculaire.Si les taux bruts de mortalité toutes causes sont les mêmes pour les femmes avec ou sans antécédent de FCS (1,24 pour 1 000 personne-années, dans les deux groupes), ils sont cependant plus élevés pour les femmes ayant subi au moins trois FCS (1,47 pour 1000 personnes-années) et pour celles déclarant leur première FCS avant l'âge de 24 ans (1,69 pour 1000 personnes-années). En ajustant les résultats sur les facteurs de confusion, les habitudes alimentaires et le mode de vie, un antécédent de FCS reste associé à une augmentation de 19% du risque de décès prématuré au cours du suivi. Le lien est plus solide dans le cas de FCS à répétition : le risque croît de 59% pour trois FCS ou plus et de 23% pour deux FCS.L'âge au moment de la FCS compte aussi puisque le risque est accru de 32% quand la FCS a lieu avant 23 ans, de 16% entre 24 et 29 ans et de 12% (non significatif) après 30 ans.Lorsque la mortalité par cause est évaluée, l'association entre FCS et décès prématuré est la plus forte pour les décès cardiovasculaires (un risque accru de 48%) mais n'est pas liée à un décès prématuré par cancer (hausse de 8% non significative)."Nos résultats suggèrent qu'une fausse couche spontanée pourrait être un marqueur précoce du risque futur pour la santé des femmes, y compris la mort prématurée," commentent les auteurs qui admettent que leur étude comporte certaines limites. "Davantage de recherches sont nécessaires pour établir comment la fausse couche spontanée est liée à la santé à long terme des femmes et quels sont les mécanismes sous-jacents à ces relations."(référence : BMJ, 10 février 2021, doi : 10.1136/bmj.n530)