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Les médecins-conseils n'ont pas toujours bonne presse. D'aucuns ne les voient que comme des contrôleurs, des juges, davantage versés dans la paperasse administrative que dans la médecine... Cette vision caricaturale ne correspond pas à la réalité du terrain. "Certes, nous avons une mission de contrôle", concède le Dr Pierre-Yves Demuynck, médecin-conseil aux Mutualités chrétiennes. "Les budgets des soins de santé n'étant pas illimités, nous devons allouer les bonnes ressources aux bonnes personnes et au bon moment. Mais on ne nous appelle pas "médecins-conseils" pour rien! L'aspect social prend de plus en plus de place dans notre profession. Et pour cause : nos affiliés traversent des évènements de vie parfois très douloureux. Notre rôle est de les accompagner au mieux."Comme médecins-conseils, nous sommes aussi les garants de l'utilisation optimale des ressources de l'assurance maladie. Nous participons ainsi à la préservation d'un système basé sur la solidarité. Le verre à moitié pleinBien qu'un médecin-conseil ait sans doute davantage de tâches administratives, il reste d'abord et avant tout médecin. "Habituellement, un médecin-conseil reçoit entre 40 et 50 patients par semaine", explique le Dr Demuynck. "Chaque consultation comporte deux volets : une évaluation médicale classique (avec anamnèse, examen clinique, etc.) et une évaluation de la situation socioprofessionnelle du patient. Que peut-on activer et proposer? Certes, les lois et règlementations qui encadrent l'incapacité de travail laissent peu de place à l'interprétation. Cela dit, ce n'est plus tout noir ou tout blanc comme autrefois! Au sein même de ces balises, il y a désormais une zone grise dans laquelle un bon médecin-conseil doit savoir naviguer afin de proposer des leviers et des pistes auxquels le patient ne pense pas forcément et qui s'accordent avec son état de santé."L'incapacité : un "traitement"?De fait, on assiste depuis quelques années à un renversement de paradigme dans la façon de considérer l'incapacité de travail. L'approche développée se distancie de l'évaluation de ce que la personne ne peut plus réaliser et s'oriente de plus en plus vers une potentialisation de ce dont elle est encore capable. On stimule plutôt les compétences et capacités existantes afin de tenter une réintégration maximale dans le milieu du travail. "À cet égard, l'incapacité de travail peut d'ailleurs être considérée comme faisant partie du traitement, avec une durée idéale et de possibles effets secondaires négatifs s'il est inutilement prolongé - et pas seulement au niveau budgétaire! Dans certaines pathologies comme le cancer, les patients qui ont des perspectives professionnelles présentent des taux de guérison supérieurs à ceux qui, dans la même tranche d'âge, n'en ont pas." "Il ne s'agit évidemment pas de s'acharner!", précise le Dr Demuynck. "Nous n'allons pas embêter un patient souffrant d'un cancer métastatique avec un projet de réactivation professionnelle! Mais pour beaucoup d'affiliés en incapacité de travail, un tel projet peut aussi avoir une valeur thérapeutique. Certains, bien sûr, ne retrouveront jamais d'emploi. Mais même dans ces cas, conseiller du bénévolat ou une formation, même dans un but purement occupationnel, ouvre des perspectives en termes de réinsertion sociale et de qualité de vie." Approche et échanges multidisciplinairesLa gestion des incapacités de travail représente les trois quarts de l'activité d'un médecin-conseil. Le reste du temps est dévolu aux remboursements de certains soins de santé. Exemples : d'importants volumes de kinésithérapie (suite notamment à un accident ou un AVC), certains équipements de bandagisterie ou encore les médicaments onéreux du chapitre IV sont soumis à l'accord du médecin-conseil. Bien que son pouvoir décisionnel reste souverain et indépendant, le médecin-conseil travaille rarement seul. Au sein de la mutualité, il collabore avec les autres médecins-conseils, mais aussi avec les équipes paramédicales et administratives. La Commission Supérieure du Conseil Médical de l'Invalidité et son président le Dr Alex Peltier appuie d'ailleurs cette logique d'approche multidisciplinaire où les compétences de chacun ( kinés , psychologues, ergothérapeutes , infirmières, etc ) apportent un éclairage spécifique sur l'incapacité et les possibilité de reprises. La médecine d'assurance s'ouvre aussi davantage à l'extérieur. Depuis quelques années, les médecins-conseils sont partie prenante de "groupes trio", aux côtés de médecins du travail et de généralistes. "Ces réunions, organisées au niveau provincial, nous permettent de mieux appréhender nos métiers et prérogatives respectives, de créer un réseau autour du patient et, in fine, d'harmoniser nos visions en regard de la règlementation et des réalités du terrain", conclut le Dr Demuynck. "Après tout, nous avons tou.te.s la même mission : accompagner au mieux les patients dans leur trajet de soins... et de vie." La MC cherche des médecins-conseils dans différentes régions. Pour plus d'informations, allez vers mc.be/jobs/medecin-conseil