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À mes débuts dans la presse médicale, j'ai eu l'occasion d'assister aux ultimes "représentations" publiques des deux ténors. On aurait peine à imaginer deux personnalités plus différentes quant à la forme ou au contenu: d'un côté André Wynen, flamboyant, charismatique, qui savait comme personne convaincre dans la langue de Molière des salles entières de médecins, de l'autre le style toujours académique de son homologue flamand Marcel De Brabanter, posé, courtois et argumenté. Pour le premier, obtenir gain de cause était plus important que d'avoir raison; pour le second, c'était tout le contraire. Pourtant, Wynen avait indéniablement plus de succès (comprenez, davantage de partisans), ce qui se reflète aujourd'hui encore dans les rapports de force entre les deux syndicats.Il ne faudrait toutefois pas déduire de ce qui précède que le Dr De Brabanter aurait subi la loi du plus fort - loin s'en faut! L'influence aussi a son importance, surtout dans les coulisses du pouvoir. L'homme avait incontestablement une vision qu'il n'hésitait pas à exposer, non pas une fois mais encore et encore, inlassablement. Devant des auditoires bondés, depuis sa place dans le public, au détour d'une réception, à toutes les occasions informelles possibles et imaginables. Nombre de ses chevaux de bataille favoris - l'honoraire pur, l'échelonnement, la collaboration... - semblent d'ailleurs avoir résisté à l'épreuve du temps. Pourtant, il est certain que ni De Brabanter ni Wynen ne se seraient retrouvés dans le syndicalisme médical actuel et qu'ils auraient l'un comme l'autre déploré et dénoncé le schisme contreproductif entre généralistes et spécialistes...