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Le terme " littératie en santé " a fait son apparition dans la presse à la fin du 20e siècle et est aujourd'hui bien connu des médecins mais pas forcément de la population. Il définit " la capacité d'une personne à comprendre et à assimiler les informations relatives à la santé, de manière à pouvoir ensuite poser des choix appropriés pour maintenir ou améliorer sa santé et sa qualité de vie ".Dans le contexte de " l'empowerment " des patients et de l'auto-prise en charge de la maladie, notamment chronique, par le patient lui-même, cette littératie est fondamentale. Dans le cas contraire, on parle même d' "analphabétisme en santé ". Il peut provoquer un moindre recours à la prévention, une qualité de vie moindre et une espérance de vie plus courte également.Les " analphabètes " sanitaires ont en effet plus de mal que les autres à entrer en contact avec les professionnels de soins ou à les comprendre. Ils ont plus de mal aussi à respecter les traitements qui leur sont donnés.Selon le KCE, ces personnes seraient entre 35 et 40% de la population, légèrement au-dessus de la moyenne européenne. Le niveau d'éducation du citoyen-patient est lié au degré de littératie.Or le concept a évolué. A la " simple " compréhension de l'information en santé, s'est ajoutée la compréhension de l'organisation du système des soins de santé et de l'information y afférente. " Un tournant s'est alors opéré dans les esprits ", explique le KCE, " la littératie en santé devenant une responsabilité partagée entre les individus et le système de santé dans lequel ils évoluent. "La Belgique n'ayant pas de plan d'action national mais plutôt une série d'initiatives éparses, le KCE a été chargé d'évaluer la situation dans six pays étrangers plus avancés que nous en la matière. " Dans quatre d'entre eux (Australie, Autriche, Portugal, Écosse), des plans d'action spécifiques ont été mis en place par les gouvernements. Dans les deux autres (Pays-Bas, Irlande), il n'y a pas de plans d'action à proprement parler, mais une activité intense émanant de la société civile (secteur associatif)."Ces plans contiennent trois niveaux d'action repérés par le KCE :1)L'interaction individuelle entre le citoyen/patient et les professionnels de santé. Ce niveau vise " trivialement " à fournir des infos santé de qualité pour permettre au citoyen-patient de s'engager à prévenir les maladies éventuelles et gérer lui-même sa santé. Le KCE estime à ce niveau qu'il faut préalablement combler la " fracture numérique " des citoyens-patients et pratiquer à leur égard, un " principe de précaution " sanitaire partant du principe que les problèmes de communication et de compréhension sont réels.2)Le niveau intermédiaire. Il concerne les organisations sanitaires tels les hôpitaux et les mutualités dont on attend qu'ils créent une " culture en littératie ". Tout le personnel doit y être formé. La hiérarchie donne le " la ". " Il peut s'agir, par exemple, de faciliter l'emploi du système de rendez-vous, de revoir la signalisation d'orientation dans les hôpitaux, de repenser l'intelligibilité du matériel d'information distribué, etc. L'implication des associations de patients est une garantie supplémentaire que les mesures mises en place correspondront aux besoins des usagers. "3)Les autorités politiques. On attend d'elles la mise en place d'un cadre général d'amélioration de la littératie en santé suivant le principe de l'OMS " Santé dans toutes les politiques " (Health in All Policies). A défaut d'une politique globale rendue difficilement praticable en Belgique suite aux réformes de l'Etat (la 6e notamment), le KCE préconise d'intégrer le concept dans les normes de qualité, les mécanismes de financement, ou encore l'accréditation des professionnels de santé. La conférence interministérielle Santé publique sera aux premières loges." Recenser les forces vives, évaluer les actions en cours et réfléchir ensemble à optimaliser les efforts à l'avenir ", telles sont les pistes proposées par le KCE.