Un retour à la normal est-il proche ?

Rien n'est moins certain, en tout cas pas:

- Sans la conviction citoyenne de se faire vacciner ;

- Sans une organisation effective et efficiente d'une campagne de vaccination ;

- Sans un effort pour y intégrer les professionnels de la santé et, plus particulièrement les médecins traitants.

Rappelons-nous 2009 et l'échec cinglant des vaccinodromes à française contre le virus H1N1 et la destruction subséquente et massive des stocks constitués. Même si la France a fait parler d'elle, la mobilisation, dans ses pays voisins, n'était pas meilleure.

En 2009, la vaccination de masse visait également les populations les plus fragiles.

En 2009, les mouvements anti-vax étaient déjà au rendez-vous, quoique ne bénéficiant pas des réseaux sociaux pour diffuser massivement leur message.

En 2009 encore, il fallait protéger le personnel soignant, lui réservant les premières doses. Or ce même personnel soignant a refusé massivement ce vaccin.

Les mêmes bonnes volontés que celles exprimées 11 ans plus tard et, avec elles, le même risque d'échec, à moins cette fois, que le vaccin soit imposé à toute ou partie de ma population.

Une campagne, ça s'organise.

Les plus optimistes se réjouissent de la énième task-force mise en place pour organiser la vaccination, mais la population et le monde de la santé attendent du concret et du réalisme.

Si les communications sur les commandes massives de vaccin sont omniprésentes, l'information manque cruellement pour certaines questions décisives lorsqu'il s'agit de convaincre la population.

Au-delà de son efficacité, qu'elle est sa durée? Quelles en sont les possibles effets secondaires ? comment sera-t-il remboursé ? Qui sera autorisé à l'administrer ? Faut-il un rappel ?

Autant de questions que la task-force ne devra pas sous-estimer car il est, aujourd'hui, évident que la simple promesse d'un retour à la normale grâce au vaccin miracle ne suffira pas pour séduire une grande partie des citoyens.

Par ailleurs, n'est-il pas temps de reconnaître une fois pour toute que les médecins, pharmaciens et soignants ont l'oreille et la confiance de la population, ce qui en fait des alliés incontournables pour garantir le succès d'une campagne vaccinale.

Faire l'impasse sur leur rôle, en espérant qu'un " vaccin-center " fera l'affaire est un pari risqué.

Et la transparence dans tout ça ?

Le doute populaire a été trop loin pour éviter l'épineuse question de la transparence sur le prix.

S'il est une idée ancrée dans la tête des citoyens, c'est l'insatiabilité des entreprises pharmaceutiques pour l'argent et très peu d'entre eux considèrent la possibilité que ces géants aient contribué à un effort effectif pour le bien commun.

Ces entreprises ont-elles réellement investi par milliards pour développer un vaccin fonctionnel avec la volonté de limiter leurs marges à un minimum?

La question du prix et de la marge dégagée mérite en tout cas d'être posée en toute transparence, faute de quoi l'argument classique du " ce n'est qu'un big business " risque d'être le premier frein à une campagne efficace, sans même que le citoyen ait besoin de recourir à un argument complotiste quelconque.

On peut ainsi d'ores et déjà regretter l'annonce d'un achat de 2,9 millions de doses de CureVac sans transparence sur le prix et, sous conditions suspensive, d'une autorisation de mise sur le marché

Effets d'annonces en cascade

La gestion de la crise Covid s'inscrit sur fond d'effets d'annonces en cascade depuis son début. Il est malheureusement peu probable que le vaccin déroge à cette règle dont les conséquences resteront à débattre dans une future commission parlementaire sur la gestion de la crise.

En attendant, et malgré des alertes répétées, certains politiciens semblent reproduire inlassablement les mêmes erreurs de communication.

"Le droit du citoyen de s'interroger sur le vaccin et son administration ne fait de lui ni un complotiste ni un meurtrier en puissance."

Trois pas en avant deux pas en arrière, des querelles internes et la nette impression d'être face à une tour d'ivoire totalement détaché d'un terrain fatigué, qui reste confronté à une population aussi anxieuse que dubitative.

Pour faire de la campagne de vaccination un succès, le gouvernement ne peut pas se permettre d'échouer une fois de plus sur le choix du contenu et du momentum avec lequel il communique.

Vacciner n'est pas un geste anodin, ni pour celui qui le pratique, ni pour son bénéficiaire.

Si le vaccin est difficile à imposer, il faudra convaincre et, pour convaincre, il faudra une communication construite, sincère et cohérente. Une communication qui persuade tant les médecins et les soignants que les citoyens.

Ne pas confondre complot et interrogation légitime

Le droit du citoyen de s'interroger sur le vaccin et son administration ne fait de lui ni un complotiste ni un meurtrier en puissance.

La binarité de certains débats médiatiques renforce jour après jour les clivages entre visions de l'extrême qui ne peuvent qu'avoir un effet négatif sur la gestion de la crise sanitaire sinon sur le bon fonctionnement de la démocratie.

Aussi, entre anti et pro, il y a une gradation dans la juste compréhension que chaque citoyen peut avoir d'un sujet.

Il appartient au gouvernement, dont l'objectif premier est l'intérêt public, de veiller à ce que les enjeux soient financièrement et intellectuellement accessibles au plus grand nombre.

Faire passer le message par un titre, qu'il soit de ministre ou d'expert, professeur universitaire, ne le rend pas nécessairement accessible, sinon par voie d'autorité. Par contre, faire passer ce même message par un soignant lui donnera une autre connotation, celle de la confiance.

Une invitation, pour cette dernière étape, à ne pas faire fi du terrain.

Rien n'est moins certain, en tout cas pas:- Sans la conviction citoyenne de se faire vacciner ;- Sans une organisation effective et efficiente d'une campagne de vaccination ;- Sans un effort pour y intégrer les professionnels de la santé et, plus particulièrement les médecins traitants.Rappelons-nous 2009 et l'échec cinglant des vaccinodromes à française contre le virus H1N1 et la destruction subséquente et massive des stocks constitués. Même si la France a fait parler d'elle, la mobilisation, dans ses pays voisins, n'était pas meilleure.En 2009, la vaccination de masse visait également les populations les plus fragiles.En 2009, les mouvements anti-vax étaient déjà au rendez-vous, quoique ne bénéficiant pas des réseaux sociaux pour diffuser massivement leur message.En 2009 encore, il fallait protéger le personnel soignant, lui réservant les premières doses. Or ce même personnel soignant a refusé massivement ce vaccin.Les mêmes bonnes volontés que celles exprimées 11 ans plus tard et, avec elles, le même risque d'échec, à moins cette fois, que le vaccin soit imposé à toute ou partie de ma population. Les plus optimistes se réjouissent de la énième task-force mise en place pour organiser la vaccination, mais la population et le monde de la santé attendent du concret et du réalisme.Si les communications sur les commandes massives de vaccin sont omniprésentes, l'information manque cruellement pour certaines questions décisives lorsqu'il s'agit de convaincre la population.Au-delà de son efficacité, qu'elle est sa durée? Quelles en sont les possibles effets secondaires ? comment sera-t-il remboursé ? Qui sera autorisé à l'administrer ? Faut-il un rappel ?Autant de questions que la task-force ne devra pas sous-estimer car il est, aujourd'hui, évident que la simple promesse d'un retour à la normale grâce au vaccin miracle ne suffira pas pour séduire une grande partie des citoyens.Par ailleurs, n'est-il pas temps de reconnaître une fois pour toute que les médecins, pharmaciens et soignants ont l'oreille et la confiance de la population, ce qui en fait des alliés incontournables pour garantir le succès d'une campagne vaccinale.Faire l'impasse sur leur rôle, en espérant qu'un " vaccin-center " fera l'affaire est un pari risqué.Le doute populaire a été trop loin pour éviter l'épineuse question de la transparence sur le prix.S'il est une idée ancrée dans la tête des citoyens, c'est l'insatiabilité des entreprises pharmaceutiques pour l'argent et très peu d'entre eux considèrent la possibilité que ces géants aient contribué à un effort effectif pour le bien commun.Ces entreprises ont-elles réellement investi par milliards pour développer un vaccin fonctionnel avec la volonté de limiter leurs marges à un minimum?La question du prix et de la marge dégagée mérite en tout cas d'être posée en toute transparence, faute de quoi l'argument classique du " ce n'est qu'un big business " risque d'être le premier frein à une campagne efficace, sans même que le citoyen ait besoin de recourir à un argument complotiste quelconque.On peut ainsi d'ores et déjà regretter l'annonce d'un achat de 2,9 millions de doses de CureVac sans transparence sur le prix et, sous conditions suspensive, d'une autorisation de mise sur le marchéLa gestion de la crise Covid s'inscrit sur fond d'effets d'annonces en cascade depuis son début. Il est malheureusement peu probable que le vaccin déroge à cette règle dont les conséquences resteront à débattre dans une future commission parlementaire sur la gestion de la crise.En attendant, et malgré des alertes répétées, certains politiciens semblent reproduire inlassablement les mêmes erreurs de communication.Trois pas en avant deux pas en arrière, des querelles internes et la nette impression d'être face à une tour d'ivoire totalement détaché d'un terrain fatigué, qui reste confronté à une population aussi anxieuse que dubitative.Pour faire de la campagne de vaccination un succès, le gouvernement ne peut pas se permettre d'échouer une fois de plus sur le choix du contenu et du momentum avec lequel il communique.Vacciner n'est pas un geste anodin, ni pour celui qui le pratique, ni pour son bénéficiaire.Si le vaccin est difficile à imposer, il faudra convaincre et, pour convaincre, il faudra une communication construite, sincère et cohérente. Une communication qui persuade tant les médecins et les soignants que les citoyens.Le droit du citoyen de s'interroger sur le vaccin et son administration ne fait de lui ni un complotiste ni un meurtrier en puissance.La binarité de certains débats médiatiques renforce jour après jour les clivages entre visions de l'extrême qui ne peuvent qu'avoir un effet négatif sur la gestion de la crise sanitaire sinon sur le bon fonctionnement de la démocratie. Aussi, entre anti et pro, il y a une gradation dans la juste compréhension que chaque citoyen peut avoir d'un sujet.Il appartient au gouvernement, dont l'objectif premier est l'intérêt public, de veiller à ce que les enjeux soient financièrement et intellectuellement accessibles au plus grand nombre.Faire passer le message par un titre, qu'il soit de ministre ou d'expert, professeur universitaire, ne le rend pas nécessairement accessible, sinon par voie d'autorité. Par contre, faire passer ce même message par un soignant lui donnera une autre connotation, celle de la confiance. Une invitation, pour cette dernière étape, à ne pas faire fi du terrain.