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Les Mutualités Libres (Partenamut, Helan et Freie Krankenkasse) viennent de publier les résultats d'une vaste étude sur la vaccination contre la grippe, menée auprès de 1,6 millions d'affiliés adultes. L'évolution des taux de vaccination parmi trois groupes à risque (les personnes âgées de 65 ans et plus, les personnes atteintes d'une maladie chronique et les femmes enceintes) y est analysée. Les résultats montrent une évolution stagnante de la couverture vaccinale entre 2013 et 2023 et un taux de vaccination (l'an dernier) toujours bien en deçà de l'objectif de 75 % fixé par l'OMS pour les personnes âgées et les malades chroniques.Après avoir progressé pendant le pic de la pandémie de covid-19, le taux de vaccination est redescendu pour atteindre un niveau similaire à celui de 2013. En effet, en 2023, ce taux est de?50,7 % pour personnes âgées de 65 ans et plus (les résidents en maison de repos sont exclus de cette analyse) et de 43,4 % pour les personnes atteintes d'une maladie chronique et, en 2022, de 14,8 % pour les femmes enceintes.Le taux de vaccination des personnes jeunes atteintes d'affections chroniques est lui aussi très faible (inférieur à 15 % pour les 18-45 ans). Par ailleurs, pour chacun des trois groupes à risque, les taux de vaccination contre la grippe à Bruxelles sont significativement inférieurs à ceux de la Wallonie et bien en deçà de ceux de la Flandre. Par exemple, le taux de vaccination des personnes âgées de 65 ans et plus est de 58 % en Flandre, 46,1 % en Wallonie et 44,4 % à Bruxelles. Seulement 63,3 % des personnes ayant reçu un vaccin antigrippal en 2020 ont aussi reçu un vaccin antigrippal au cours des trois années suivantes. Cette fidélité au vaccin n'est pas non plus très élevée parmi les groupes à risque. Le taux de fidélité est de 75,2 % pour les seniors de 65-79 ans, de 71,7 % pour les seniors de 80 ans et plus et de 68,7 % pour les personnes avec une affection chronique. Les moins fidèles sont les personnes sans Dossier Médical Global (53,6 %) et les personnes de 18-45 ans (moins de 22 %). La fidélité en Flandre (64,5 %) et Wallonie (64,1 %) est aussi clairement plus élevée qu'à Bruxelles (57,1 %). Une première évolution significative a eu lieu en ce qui concerne la prescription des vaccins contre la grippe?: en 2020, les pharmaciens ont été autorisés à prescrire le vaccin. Nos données montrent une augmentation importante, entre 2020 et 2023, passant de 20 % à 73 % des vaccins prescrits par le pharmacien, ce qui souligne l'impact important de cette mesure.Une autre évolution importante est que depuis octobre 2023, les pharmaciens sont autorisés à administrer le vaccin contre la grippe. Selon nos résultats, les pharmaciens ont administré 20 % de tous les vaccins délivrés en 2023, les médecins généralistes 66 %, et les infirmiers moins de 1 %. Pour 12 % des vaccins délivrés, nous ne trouvons aucune administration en 2023. Plus de 7 vaccins sur 10 administrés aux personnes âgées de 65 ans et plus et aux personnes atteintes de maladies chroniques le sont par le médecin généraliste. Cette proportion est encore plus élevée chez les personnes de plus de 80 ans et chez les personnes atteintes de plusieurs maladies chroniques. La vaccination par les pharmaciens des personnes atteintes de maladies chroniques et des personnes âgées de 65 ans et plus était plus élevée à Bruxelles (près de 30 % des vaccins délivrés) que dans les deux autres régions (moins de 20 %). De plus, environ 30 % des personnes qui n'avaient pas été vaccinées en 2021 et 2022 mais qui ont reçu un vaccin en 2023 ont choisi de se faire vacciner par un pharmacien. Ces résultats montrent que les médecins généralistes et les pharmaciens se complètent et que la vaccination par les pharmaciens pourrait jouer un rôle crucial dans le dépassement de certains obstacles d'accessibilité. Cependant, ces mesures n'ont pas augmenté le taux de vaccination global.Cette étude met en lumière que les personnes appartenant aux groupes à risque ne se font pas encore suffisamment vacciner. Par conséquent, il est évident que les acteurs compétents doivent poursuivre leurs efforts pour informer ces personnes concernant la vaccination antigrippale. Les faibles taux observés pour les femmes enceintes et les personnes (jeunes) atteintes d'une maladie chronique sont vraisemblablement une sous-estimation légère car ils ne tiennent pas compte des vaccinations contre la grippe via les employeurs. "Les compétences en santé tiennent un rôle essentiel?: chacun devrait pouvoir trouver, comprendre et pouvoir facilement utiliser l'information sur la santé afin de prendre des décisions éclairées. Les mutualités ont également un rôle important à cet égard", soulignent les Mutualités Libres. "En tant que cogestionnaires de notre système de soins de santé, il nous appartient également d'évaluer les nouvelles mesures. Au travers de cette étude, nous constatons que la prescription des vaccins antigrippaux par les pharmaciens prend déjà une place importante et que les pharmaciens participent activement à l'administration des vaccins. Bien qu'il soit encore trop tôt pour évaluer ces mesures de façon approfondie, les résultats montrent que les pharmaciens peuvent jouer un rôle complémentaire aux côtés d'autres prestataires de soins de première ligne, tels que les médecins généralistes, les infirmières et les sage-femmes, afin de renforcer la couverture vaccinale et d'améliorer la fidélité à la vaccination."Chez les groupes pour lesquels le taux de vaccination est plus faible, la proximité du pharmacien devrait pouvoir favoriser l'accessibilité. Lors de la vaccination de groupes plus vulnérables (personnes âgées et personnes souffrant de maladies chroniques multiples), les résultats de l'étude montrent que les médecins généralistes jouent encore un rôle important. Ils connaissent les dossiers médicaux de leurs patients et sont donc essentiels pour informer, en temps opportun, les personnes appartenant à des groupes à risque concernant l'importance de la vaccination contre la grippe.